L`ascension (par madame Bourdin)

L'ascension

 

Je vois le magnifique tableau qui représente les derniers moments passés sur la terre par le Christ. Il gravit une colline avec ses apôtres. La tristesse de leurs visages semble être le pronostic de cette séparation tant redoutée. Le Christ les console, il leur promet encore de leur envoyer l'Esprit Saint, pour les affermir dans la foi et leur révéler les choses cachées jusqu'à ce jour sur l'avenir des âmes.

Il les exhorte, pour qu'ils puissent accomplir dignement leur mission terrestre, et agir avec simplicité, humilité, charité. Tous les dons qui vous seront accordés, leur dit-il, viendront de Dieu, et ces vertus ne peuvent être acquises que par un détachement com­plet des biens matériels ; s'il en était autrement, l'orgueil viendrait alors prendre possession de vos coeurs, il repousserait toute communication avec le ciel. Cette instruction parut en lettres fluidiques au-dessus de la tête des apôtres.

Le Christ, en parlant ainsi, a ce corps semi-matériel qui laisse en outre supposer la possession d'un corps charnel. Arrivés au sommet de la montagne, les apôtres entourent le maître, il étend les mains pour les bénir. Dans les scènes diverses où l'on me montre le Christ lorsqu'il bénit, je remarque que tous ses gestes sont un mouvement magnétique dirigé avec une puissance de volonté énergique ; en effet, dans ce moment, l'Esprit des apôtres sort pour ainsi dire de leurs corps pour les envelopper extérieure­ment, ce phénomène les rend médiums voyants.

Le Christ se recueille un instant ; il contemple le ciel, et comme si un élan d'amour l'eût attiré, il se dégage de cette seconde enveloppe. Cet Esprit n'a plus de liens matériels capables de le retenir ; ne pouvant plus habiter la terre, il s'élève dans les couches atmosphériques et, les dépassant, revient sur les sphères dont la nature convient à celle de son Esprit. Je le suis longtemps dans son ascen­sion et, à mesure qu'il s'élève, les bons Esprits se réunissent et forment une escorte pour l'accompagner bien haut. Je vois avec un profond respect la douce joie et l'expression de candeur répandues sur le visage de cet Esprit ; il conserve son attitude simple, modeste, malgré son triomphe et le degré supérieur de perfection auquel il est parvenu. Ce n'est plus ni le conquérant, ni le triomphateur vulgaire, à la tête haute et remplie d'orgueil, non, il rentre dans sa patrie avec la conviction d'avoir bien accompli sa tâche.

Les apôtres le suivent des yeux avec une joie mêlée de tristesse, ils lui parlent toujours et s'expriment ainsi : « Maître, tu nous laisses seuls sur cette terre ! Nous devons léguer à l'humanité, à. tous sans exception, cette loi d'amour et de charité que tu nous as enseignée, mais nous sommes si faibles et si ignorants ! Nous pourrions faillir étant livrés à nos propres forces. Pour éclairer les obscurités de nos âmes, tu as promis la lumière de l'Esprit-Saint ; nous avons foi en ta parole, maître, car nous devons avec elle braver toutes les difficultés qui nous attendent, en confessant la sublime doctrine du Christ devant le monde entier. » Puis ils descendent tristement la colline ; une colombe leur apparaît, elle tient un écrit qu'elle laisse tomber près de moi. Je lis ces mots : prochainement la pentecôte.

Mon guide me fait suivre un chemin à quelque distance de Jérusalem ; nous arrivons dans la chambre haute où les disciples s'as­semblaient ordinairement ; ils sont en prière et appellent de tous leurs voeux la réalisation de la promesse du maître. Mon guide me fait sortir de la salle : je vois dans l'espace un groupe d'Esprits qui s'abaissent sur la terre ; je reconnais la phalange qui escortait Jésus le jour de son ascension. Lorsqu'ils sont à peu près à la hauteur des nuages, il se forme une petite sphère ou reposoir qui leur sert de point d'arrêt et de ralliement. Là, le Christ les instruit de leur mis­sion, ils doivent pour la première fois donner aux mortels une grande manifestation et des communications extra-terrestres touchant les choses spirituelles.

Aussitôt il se fit dans les airs un grand bruit, imitant le choc de deux éléments contraires, et le groupe continue sa descente, en laissant sur son passage une traînée lumineuse d'où sortent des crépitations électriques. Ils entrent dans la chambre, en y pénétrant insensiblement ; je rentre de nouveau avec mon guide, et vois les apôtres sous le coup d'une vive émotion, ils se trouvent tout à coup dans un milieu ambiant si contraire à leur nature, qu'ils semblent perdre leur libre arbitre. Les Esprits s'emparent de leurs corps, et leur effroi, leur trouble, reproduits sur leurs traits, font bientôt place à une expression de courage et de force, car l'intelligence, la sagesse et la science divines se sont incarnées en eux ; transformés subite­ment, ils sortent de leur assemblée. Au dehors, le bruit produit dans les airs avait attiré une grande foule ; les apôtres parlent alors diffé­rentes langues, ils instruisent le peuple étonné et dans l'admiration de tout ce qu'il voit et entend.

Je vois paraître de l'écriture et je lis : « L'Esprit est formé de l'essence des fluides purs ; la charité est un Esprit Saint ; celui qui guérit les malades, distribue un fluide sain ; celui qui console les affligés, donne la force de supporter l'adversité ; instruire ses frères avec humilité et simplicité, partager ce que Dieu donne en biens matériels pour soulager les frères dont la misère est grande, donner des paroles de paix au milieu des agitations orgueilleuses des terriens, enfin, ramener le pécheur dans la bonne voie, c'est posséder le Saint-Esprit, et ceux-là seuls sont dignes de cette sublime visite.

Si le Christ a dit à ses apôtres : Je vous donne le Saint-Esprit et donnez-le vous-mêmes à ceux que vous instruisez, c'est qu'en effet, le bien se communique ; un simple enfant peut communiquer l'Esprit-Saint, en produisant une caresse à un vieillard abandonné; c'est pour cela que le Christ dit : - Tout pouvoir vous a été donné dans le ciel et sur la terre, demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite.

Après cette grande manifestation publique, les Esprits remontent dans l'espace, et les apôtres reprennent possession de leurs sens, Ces médiums sont remplis de foi et de courage, ils remercient Dieu et s'entendent ensuite pour se disperser.

Je vois dans un second tableau la mission que remplissent les apôtres ; ils vont de villes en villes avec la persuasion constante d'être assistés ; ils se souviennent de cette parole du maître : « vous ne préoccupez pas de ce que vous devez dire, les paroles vous se­ront inspirées au moment où vous devrez parler. » En effet, je vois un apôtre donner une instruction en pleine place publique, et là, calme, plein de foi, il laisse grouper autour de lui ceux qui veulent l'entendre : je remarque au-dessus de lui un Esprit qui l'assiste et le suit, lorsque le moment de parler est venu, l'apôtre tressaille, car l'invisible s'empare de ses sens et s'exprime par sa bouche.

Dans un autre endroit, un autre inspiré s'approche d'un groupe de malades qui l'attendaient et, près d'eux, il est extérieurement enveloppé du fluide spirituel, de telle série que ce nuage lui fait éprouver un frisson indiquant la présence de l'Esprit : l'apôtre touche plusieurs malades, ils sont guéris instantanément ; le fluide bienfaisant a pénétré dans leurs corps et l'apôtre est dégagé. Quelques malades n'obtiennent pas de guérison, le fluide bienfaisant n'a pu les atteindre et je vois paraître ces mots : « Épreuve non encore achevée. »

Je vois de nouveau les apôtres reprendre leur état naturel, et les Esprits s'éloigner d'eux momentanément. Ainsi devait se continuer sur la terre ce christianisme simple, libéral, à la portée de tous, et que pourtant par orgueil on a transformé en doctrine incompréhensible ; voilà la seule cause du manque de communications des Esprits jusqu'à ce jour. Mais le Christ a voulu de nouveau descendre vers la terre, et, suivi par la phalange sacrée des Esprits, il dit encore : « Cherchez sur la terre les humbles et les ignorants, vous leur révélerez, comme autrefois aux apôtres, l'amour, la charité, la solidarité. » C'est ainsi que le Spiritisme a pris naissance parmi nous.

Madame Bourdin



05/10/2012
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