Eckhart Tolle « Contrat social »

« Comment peut-on apprendre aux enfants les règles que nous suivons en société, tels que les bonnes manières et les comportements adaptés, ainsi que poser des limites et des conséquences, tout en leur permettant également d’être, de créer et de s’exprimer ? »

 

Oui, c’est une question d’équilibre, trouver un équilibre entre la permission de faire, d’être, et la pose de limites qui sont aussi nécessaires de sorte qu’ils ne soient pas un danger pour eux-mêmes et autrui, ni un fléau pour leur entourage. Traditionnellement, dans le passé, les limites que les gens imposaient aux enfants ont bien sûr été de loin trop rigides et étroites. De nos jours, dans beaucoup de cas, les gens semblent être allés dans l’extrême opposé où les enfants n’ont plus de limites en tous domaines.

 

Et cela ne les rend pas heureux. Ils sont tout aussi malheureux sans limites qu’ils le sont avec des limites excessives. Cela requiert donc de la sagesse pour savoir combien d’espace d’expression vous pouvez leur donner ou leur permettre, jusqu’où vous devez les protéger du danger possible – s’agissant de leurs comportements – sans aller en même temps jusqu’à réprimer leur désir d’explorer le monde. Cela demande de la sagesse.

 

Je passe près d’une école tous les jours quand je promène le chien. Avant le début des grandes vacances, ils ont mis à l’extérieur une grande affiche où il était écrit : « Au revoir ! On se reverra en septembre » ou quelque chose comme ça et en dessous, il était écrit en grosses lettres : « Soyez prudents ! ».

 

Et je me suis dit : « Oui, c’est un bon conseil, mais c’est un peu partial également s’il y a insistance sur la prudence. J’ai imaginé une fille ou un garçon de retour après les vacances et à qui l’enseignant demande : « Eh bien, qu’est-ce que tu as fait ? » Et l’enfant de répondre : « Oh, j’ai vraiment été prudent. Je n’ai jamais quitté ma chambre. J’ai été en sécurité la plupart du temps ».

 

Il est bon de rechercher la sécurité, mais vous ne pouvez pas rechercher la sécurité comme but ultime dans la vie. C’est une question d’équilibre. Le risque fait également partie de la vie. Ce qui est important, quand vous mettez des limites, lesquelles doivent bien sûr être cohérentes, c’est de ne pas les poser en tant que réaction à quelque chose que font les enfants. Dans ce cas, les limites sont contaminées par de l’énergie négative. Il doit s’agir de limites pacifiques, fermes, mais pacifiques, non pas de limites réactionnelles. Et, bien sûr, ce qui est important, c’est que vous soyez là pour eux en tant que champ d’énergie constamment paisible. À l’arrière-plan de leur vie, vous êtes là en tant que présence consciente. Même avec un chien, vous devez faire la même chose.

 

Quand j’ai eu une conversation avec César Millan, « l’homme qui parle aux chiens », il expliquait que ce qui seul compte vraiment est votre état de conscience avec le chien. Vous devez être le point tranquille, le point enraciné dans le silence ou la présence. C’est à cela que le chien répondra et bien sûr, tout être vivant répond à cela. En toute circonstance, vous seuls pouvez savoir où se trouve l’équilibre entre l’exploration, même un certain risque, le comportement et les précautions nécessaires à prendre. Quoi que vous fassiez, l’état de conscience sous-jacent est ce qui se transmet le plus. Ce n’est pas tant ce que vous faites avec l’enfant, mais qui vous êtes avec l’enfant.

 

Les limites posées doivent être cohérentes, rappelez-vous cela, et non pas en réaction à quelque chose. Quand vous voyez l’enfant s’adonner à un comportement dangereux qui doit être stoppé, il est important de l’arrêter, mais non pas dans la peur réactionnelle, comme le font des parents si souvent observés. L’enfant fait quelque chose et immédiatement, le parent réagit, lui crie après : « Tu ne vas plus jamais là, est-ce que tu m’entends ? Tu ne dois plus y aller, tu m’entends ? ». Et l’enfant est traumatisé : . . . C’est une agression terrible. Ce n’est bien sûr que de la peur, pour ce qui concerne le parent. La réaction est donc motivée par la peur.

 

Or, le parent ne se rend pas compte combien une telle agression énergétique est traumatisante pour un enfant. Se faire crier dessus peut laisser en lui une cicatrice permanente, la colère d’un parent. Donc, quand il convient de stopper un comportement d’un enfant qui peut s’avérer très dangereux, il faut que cela soit fait dans une présence absolue, dans la fermeté, et non pas dans une réaction de peur. De la sorte, vous ne créez pas de traumatisme chez l’enfant, ce qui serait presque aussi terrible que d’avoir un accident. De la présence. Vous expliquez alors avec fermeté : « Tu ne dois pas aller là, parce que… (ceci, cela) ». C’est complètement différent.



20/06/2014
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