Un matin, le miracle est arrivé

«Un matin, le miracle est arrivé…»


 

J’ai passé ma vie à me détester. J’ai 38 ans et cela fait pratiquement 20 ans que je vis des scénarios de répétitions d’échec dans ma vie amoureuse. Les hommes de ma vie m’ont toujours abandonnée, ou du moins, je me suis toujours arrangée pour tomber sur des hommes qui finiraient par m’abandonner. Ça a commencé à l’âge de 18 ans. J’ai accusé le manque de confiance en moi, la carence en amour dont j’avais hérité de mon enfance.

Je ne m’aimais guère, sauf quand j’étais dans une relation amoureuse : l’amour que l’autre me donnait renforçait l’image positive que j’avais de moi-même, faisait augmenter mon estime de moi-même, jusqu’à ce que ces hommes «m’enlèvent» cet amour et, du même coup, réduisent à néant tout l’amour que je réussissais à me donner, laissant en moi une tristesse incommensurable et un immense sentiment de solitude que je ne savais guère comment combler. On m’avait enlevé le miroir d’amour qu’on me tendait et qui m’aidait à rester debout. Je m’effondrais alors immanquablement.

Ma dernière relation en date (que je croyais enfin être la bonne) s’est elle aussi soldée par un échec, me laissant comme toutes les autres vidée et malheureuse, avec le sentiment qu’un mauvais sort continuait de s’acharner sur moi et avec, de nouveau, le ressentiment contre mes parents qui n’avaient pas su m’aimer. Mais en même temps, j’avais cette sensation profonde que la vie essayait de me donner une leçon que je n’avais toujours pas réussi à intégrer.

C’est alors que j’ai commencé à chercher ce qui me manquait, ce qui n’allait pas sur d’autres terrains que mon enfance malheureuse. De fil en aiguille, de conversation en conversation, j’ai fini par comprendre que la raison profonde de mon malheur était le vide spirituel sidéral de ma vie. Je nourrissais mon corps en lui donnant à manger tous les jours de bonnes choses pour qu’il fonctionne correctement; je nourrissais mon intellect en lisant des livres et des articles qui m’aidaient à comprendre le monde dans lequel on vit; mais pour mon âme, je ne faisais rien. Ou du moins, je la nourrissais de très mauvaises choses : des pensées négatives à longueur de journée, de la tristesse, de la rancœur, le sentiment de n’avoir rien à faire sur terre et de n’avoir aucune valeur.

En dépit de tous les diplômes que j’avais accumulés au fil des années, j’avais donc une profonde et immense mésestime de moi-même. Je n’avais pas l’essentiel, c'est-à-dire une vision correcte et juste de ce que j’étais profondément : une personne digne d’être aimée, digne d’amour. Et j’ai compris que cet amour, ce n’était pas de l’extérieur qu’il allait arriver dans ma vie mais de mon cœur. Ma lumière intérieure, j’ai compris qu’il n’appartenait qu’à moi de l’allumer, que l’interrupteur était en moi, que je n’étais pas obligée de continuer à vivre dans l’obscurité d’une vie triste, attendant le Salut d’un homme qui ne viendrait pas. J’ai compris que chaque fois que les hommes de ma vie me rejetaient, en réalité c’est moi qui me rejetais, car je crois profondément que l’autre est un autre soi-même, un miroir qui nous reflète exactement tout ce qu’on a en soi.

J’ai alors compris pour la première fois, ce que signifiaient ces paroles : on ne peut pas aimer l’autre si on ne s’aime pas soi-même. Les psychologues le disent, les grandes sagesses humaines le disent, la Bible et certainement d’autres livres religieux le disent. La Vie voulait que je m’aime, que je m’accepte, que je m’offre de l’Amour de manière inconditionnelle; c’est pour ça qu’elle m’infligeait toutes ces expériences de rejet, d’abandon. Elles n’avaient pas d’autre but que de m’aider à grandir, spirituellement parlant.

C’est alors que j’ai commencé à cesser de me maudire, chose dans laquelle j’excellais pour ainsi dire. Je maudissais mon passé, ma vie actuelle, mes parents, les hommes qui m’avaient abandonnée, mon travail, mon lieu de vie. Elle n’occupait pas mes pensées quotidiennes, mais, tapie au fond de moi, j’avais de la rancœur envers un nombre incalculable de choses, de personnes, de circonstances. J’ai donc inversé la vapeur et commencé à tout bénir, en particulier tous ceux qui m’avaient causé du tort, souhaitant le meilleur pour eux. Et les circonstances malheureuses, j’ai remercié la Vie de les avoir mises sur mon chemin, car c’était là le moyen de m’aider à grandir.

Puis un matin, le miracle est arrivé : j’ai enfin trouvé la Paix et le contentement. Mes seuls moments de bonheur, je le répète, ne me venaient avant qu’à travers mes relations amoureuses ou mes réussites professionnelles. Ce matin-là, pour la première fois, je me suis réveillée avec un profond sentiment de paix et de pureté intérieure; mon âme n’était plus parasitée par la tristesse, les pleurs, le vide. Et aujourd’hui, même si je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire, je sais que je suis sur la bonne voie.

Betty, Guadeloupe


07/04/2016
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