Eckhart Tolle « Votre vie et la Vie »

Il nous faut comprendre plusieurs choses fondamentales à ce sujet et j’ai envie de vous en rappeler une qui figure déjà dans « Le pouvoir du moment présent » : votre vie est constituée – ce que vous dite être votre vie est généralement votre situation existentielle – votre vie est constituée de votre situation existentielle, à savoir votre travail, vos finances, vos relations, votre logement, votre état de santé, si vous êtes jeunes ou vieux, tout ce qui se passe dans votre vie. Tout cela constitue votre situation existentielle et rien d’autre n’existe pour la plupart des gens. Ils ne connaissent rien d’autre. Toute leur vie est constituée… – Ce qu’ils disent être « ma vie », quand ils se réfèrent à « ma vie », ils parlent de leur situation existentielle. Et dans le « Pouvoir du moment présent », Je fais la différence entre votre situation existentielle, laquelle correspond à un niveau, et ce que j’appelle votre vie, à un niveau plus fondamental.

 

Nous allons parler de ces deux niveaux, aujourd’hui à une époque où beaucoup de gens sont confrontés à une situation existentielle qui les défie. Ils rencontrent de nouvelles limitations qui s’ajoutent tout à coup à leur situation existentielle. La seule différence entre notre situation actuelle dans le monde et ce qui se passe ordinairement, c’est que beaucoup de gens vivent en même temps des choses similaires. Donc, en ce moment, beaucoup de gens connaissent une certaine forme de défi ou de limitation qui se présente dans leur vie tout comme, dans le monde, beaucoup des structures extérieures deviennent incertaines ou se sont même déjà effondrées.

 

Vous vous rappelez peut-être, dans « Nouvelle Terre », je parle de l’effondrement du communisme soviétique que personne n’aurait pu prévoir et je parle de l’effondrement imminent de beaucoup des structures basées sur l’ego qui reflètent extérieurement l’état de conscience intérieur qui est l’ego. Et ces structures, qui comprennent bien sûr les structures financières et d’autres, commencent maintenant à s’effondrer. Quelque chose de complètement nouveau va émerger.

 

Je ne peux pas dire combien de temps prendra cet effondrement, mais tout le monde peut le voir nettement et même les spécialistes parlent d’une crise systémique ou quelque chose de ce genre. J’entends ce mot « systémique » à la radio. En d’autres termes, la crise n’a rien à voir avec ceci ou cela en surface, mais concerne la structure même des organisations, de la même façon que le problème du mental humain n’a rien à voir avec le contenu, quel que soit ce contenu de votre mental, mais avec la structure même du mental humain qui doit changer.

 

Donc, la limitation sous une forme ou sous une autre surgit dans la situation existentielle de beaucoup de gens. Et ce n’est pas en réalité ce que les médias veulent nous faire croire, à savoir que ces choses sont horribles. Le défi auquel beaucoup de gens sont confrontés actuellement est en fait ce qui va les pousser dans un nouvel état de conscience. C’est la possibilité, c’est la promesse. Quand vous rencontrez une situation de crise, qu’elle soit personnelle ou collective, c’est l’occasion d’une nouvelle façon d’être, c’est une possibilité. Cela ne veut pas dire que tout le monde va profiter de cette possibilité.

 

Donc, nous devons en premier lieu veiller à ne pas croire à ce qui nous est dit dans les médias, à savoir que nous devrions être dans un état de peur, que la seule réponse naturelle à ce qui se passe est un état de peur. Cette réponse-là est inconsciente. Il nous faut voir que ce changement est absolument nécessaire dans ce monde, que la dissolution de beaucoup des structures basées sur l’ego est absolument nécessaire à la survie de la planète et de l’humanité. Donc, ce qui se passe n’est pas effroyable, ce qui se passe doit se passer. C’est le tout, l’intelligence derrière les phénomènes qui le fait.

 

C’est donc une bonne chose et si des défis se présentent dans votre vie, à savoir des limitations, limitation financière, l’obligation de déménager, le fait d’être déclassé, de rétrograder, l’incertitude dans votre vie… « Oh, ça ne devrait pas arriver. Je devrais savoir ce qui va se passer les 20 ou 30 prochaines années de ma vie ! ». Eh bien, vous ne savez plus et c’est magnifique qu’il y ait tout à coup un accès à l’incertitude. Donc, vous est-il possible d’accueillir l’incertitude sans exiger de savoir ce qui va vous arriver dans votre situation existentielle ? D’accueillir le fait de ne pas savoir, d’accueillir l’incertitude ? Oui, il y a des difficultés, il y a des situations qui représentent un challenge, mais cela fait partie du fait d’être ici sur cette planète sous cette forme.

 

J’aimerais mentionner un livre intitulé « Le chemin le moins fréquenté ». Je ne suis jamais parvenu à le lire jusqu’au bout et je me suis principalement arrêté sur les deux premières phrases du livre. Ces deux premières phrases étaient si pertinentes qu’on pouvait cesser là sa lecture. Je ne sais pas si c’est une bonne chose pour un auteur d’écrire un livre d’une telle qualité qu’il vous suffise d’en lire les deux premières phrases. Si vous ne les comprenez pas, vous pouvez toujours lire le reste du livre !

 

La première phrase est : « La vie est difficile ». OK ! Et la deuxième phrase… Je ne me la rappelle pas mot à mot, mais c’est quelque chose comme : « Et si vous savez que la vie est difficile, si vous l’acceptez, elle n’est plus difficile ». Elle n’est difficile que tant que vous vous dites qu’elle ne devrait pas l’être, mais tout va bien si vous acceptez que l’incertitude appartient au fait d’être ici sous cette forme, qu’il y a une incertitude continuelle. Et la certitude que les choses sont indéfectibles est une illusion, la certitude que toutes ces structures sont solides.

 

Vous pouvez le vérifier parfois : Les tours du World Trade Center semblaient très solides et . . . effondrées ! Et toutes les structures, les grosses banques semblent tellement solides. Rien ne peut leur arriver. Elles sont là pour toujours ! Et elles s’effondrent en quelques semaines. Rien ne semblait plus inébranlable que le communisme soviétique. On se disait qu’il était si robuste qu’il pouvait être là encore pendant mille ans. Sa rigidité et les gens qui l’incarnaient . . . On ne bougera pas. Vous avez vu les dirigeants soviétiques saluant les défilés militaires, passer des tanks et des roquettes gigantesques… Rien ne peut être plus solide et en l’espace d’une année . . . Effondré ! Tout s’est effondré.

 

Maintenant, une bonne chose pour en venir à l’Inde, la réalité extérieure y est un peu moins solide qu’en Occident. Là, on risque moins de se faire des illusions qu’en vivant dans une réalité solide qui peut être contrôlée ou que vous pouvez contrôler. Vous voyez là que les structures sont en fait partout un peu chancelantes. Et même si vous allez dans un hôtel luxueux, vous ne savez jamais ce qui peut se passer.

 

Nous apprenons donc à suivre le cours des choses, selon l’expression, et le cours des choses est fluide. Il y a un changement continu, quelque chose de nouveau arrive. Pourquoi exiger la certitude dans votre vie ? Accueillez l’incertitude et voyez le pouvoir que vous en recevez. Et ne dites pas : « OK, mais et mon plan de retraite ? Et mes actions ? J’ai économisé toute ma vie et maintenant, regarde, je viens de recevoir mon relevé, j’en ai perdu 50 % ».

 

- Oui, c’est ainsi, mais tu es toujours ici. C’est ta situation existentielle. Quoi qu’il en soit, c’est ta situation existentielle. Rappelle-toi, tu regardais le relevé de tes actions il y a tout juste un an et disait : « Oh, c’est génial, j’ai fait beaucoup d’argent ! Super ! C’est bon ! » Et tu le regardais encore : « Oh, OK, je peux me détendre maintenant ! » Et tu t’es détendu, puis est arrivé ce relevé : « Oh, mon Dieu, la vie est difficile ! ».

 

Les choses se dissolvent et si vous résistez intérieurement à ce qui arrive, comme les médias vous apprennent à le faire, vous résistez bien sûr au mouvement, vous résistez à l’arrivée du nouveau, à l’arrivée surtout du nouvel état de conscience en vous et finalement à l’arrivée des nouvelles expressions extérieures de cet état de conscience, un nouveau monde. Nous n’avons pas à nous en soucier. Cela arrive tout seul. La seule chose qui nous incombe est d’être ouverts à cette transformation, d’être ouverts au fait de ne pas savoir.

 

Notre situation existentielle est donc intéressante. Il peut y avoir des changements intéressants qui se produisent dans notre situation existentielle et nous nous disons alors que c’est très bien ainsi. Quel que soit le changement qui se présente, vous examinez la situation et voyez : « Oui. Oh, Voici une limitation dans ma vie. J’ai perdu mon travail et mes investissements ne valent plus grand-chose ». OK, comment pouvez-vous alors surmonter cette limitation ? Les limitations peuvent toujours être surmontées à deux niveaux. Il y a les limitations extérieures. Les limitations peuvent être surmontées au niveau extérieur. Et d’autres limitations peuvent seulement être surmontées à un niveau intérieur.

 

Quelle que soit la situation à laquelle vous êtes confrontés dans votre vie, il vous faut vérifier : « Y a-t-il quelque chose que je peux faire pour surmonter ces limitations ? ». Cela pourrait impliquer d’aller habiter ailleurs pour ne plus avoir un emprunt aussi énorme, de trouver un autre emplacement, de trouver un autre travail ou de vous lancer dans quelque chose de totalement différent et à quoi vous n’avez même jamais pensé. Vous pouvez penser de façon créative.

 

Donc, quelle que soit la limitation que vous rencontrez dans votre vie, vous examinez en premier lieu l’extérieur de la situation : « Y a-t-il quelque chose que je peux faire ? » Et vous demeurez calmes. Et bien sûr, vous ne tardez pas à vous remettre à penser. Vous examinez alors la situation : « Quelles sont les possibilités ? » Et vous retrouvez le calme. Et vous regardez à nouveau, vous y pensez ou vous parlez à quelqu’un et vous retournez au calme. Et ce processus peut prendre du temps, non pas nécessairement un seul jour.

 

On regarde ce qu’on peut faire et on va à l’intérieur là où l’on ne recherche rien du tout mais où l’on se sent bien avec ce qui est ici et maintenant. Et quand on se sent bien avec ce qui est ici et maintenant, on est passé de sa situation existentielle à la vie. La vie, c’est maintenant. La vie n’a rien à voir avec ce qui se passe dans votre vie, rien à voir avec le passé et le futur, avec ce que sont vos relations, ce qu’est votre situation financière, ce qu’est votre logement, ni même avec votre état de santé. Tout cela est votre situation existentielle. Ce n’est pas la vie. Votre situation existentielle se trouve dans le temps (passé et futur). La vie, c’est maintenant.

 

Il est donc essentiel que vous appreniez à vous extraire régulièrement de votre situation existentielle de sorte que cette dernière n’absorbe pas continuellement toute votre attention, parce que si elle le fait, elle vous épuisera et vous engloutira. Il en sera ainsi, parce que vous avez sans cesse des choses auxquelles penser : « Un problème après l’autre dans ma vie – en fait dans mes conditions de vie. Qu’est-ce que tu en penses ? Oh, je dois maintenant… Et qu’en est-il à ce propos ? Et à ce sujet ? ». Et vous ne faites qu’y penser : « Il y a une succession incessante de problèmes dont j’ai besoin de me soucier et si je ne m’en soucie pas, tout va complètement s’écrouler. Ce sera pire que ça n’est déjà. Je dois assumer ma responsabilité et m’en soucier ».

 

Vous êtes consommés par votre situation existentielle. Votre mental… – Tout cela se résume à l’implication de votre mental, parce que votre mental donne du pouvoir à votre situation existentielle. L’activité mentale involontaire continue est en fait votre situation existentielle. Si vous ne pensez pas à votre situation existentielle, Il n’y a pas de situation existentielle. Quelle situation ? Vous en sortez régulièrement – c’est fondamental d’apprendre à le faire – et vous venez dans la vie.

 

Et le mental dit : « Qu’entends-tu par vie ? ». OK, voyons où est cette vie. Vous retirez votre attention du temps, vous la retirez du passé et du futur. OK. Comment est-ce que vous le faites ? Eh bien, une petite aide pourrait être : « Qu’en est-il de maintenant ? Qu’est-ce qui ne va pas maintenant ? Est-ce que j’ai un problème maintenant ? »

 

- « Maintenant ? Bien sûr que j’ai un problème maintenant : regarde mon relevé de banque ! Bien sûr que j’ai un problème maintenant : je dois déménager à la fin du mois. J’ai reçu une notification. »

 

- « Je ne parle pas de la fin du mois, ni de ce qui va se passer pour tes actions. La question est : est-ce que tu as un problème, maintenant ? »

 

- « Non, je n’en ai aucun. Je fais tout ce que je peux pour trouver un problème en cet instant »

 

Eh bien, il y a une tache ici. En fait, il n’y en a pas, je le dis juste comme ça ! Il y a une tache ici, est-ce un problème ? Non, c’est une tache. OK ! J’ai mal au dos – non, c’est juste un exemple – est-ce un problème ? Seulement si l’on se met à y penser et à se dire : est-ce que je vais devoir vivre avec le reste de ma vie ? Pourquoi est-ce que j’ai toujours mal au dos ? Je me demande ce qui ne va pas chez moi. Non, ce n’est pas un problème, c’est un mal de dos, juste ça.

 

Vous restez avec ce qui est maintenant. Ne vous racontez pas d’histoire à propos de ce qui est dans l’instant. Ne le jugez pas, ne le comparez pas. Ne dites pas que cela ne devrait pas être, pas arriver dans l’instant. Donc, le premier niveau de maintenant est tout ce qui se trouve dans votre vie. C’est seulement le premier niveau. Le premier niveau de maintenant, ce sont vos perceptions sensorielles. Et c’est déjà une révélation.

 

Quand vous vous écartez du fait d’être complètement possédés, engloutis, mangés vivants par votre situation existentielle, simplement en devenant conscients des perceptions sensorielles, vous arrivez dans le moment présent, parce que vous ne pouvez percevoir que maintenant et vous ne percevez aucun problème. Vous percevez ce qui est maintenant – les perceptions sensorielles – cette salle, les gens, la diversité incroyable des formes humaines. C’est surprenant à voir ! Chaque forme humaine est différente et unique d’une certaine manière. C’est magnifique !

 

Vous pouvez vous asseoir dans un endroit publique, être dans le moment présent et regarder les gens. Cela n’a rien à voir avec votre situation existentielle. Vous êtes là en tant que présence, à observer, à percevoir ce moment, la plénitude incroyable de ce moment, autour de vous, sous l’aspect des formes de vie (formes de vie humaine, formes de vie animales, formes de vie végétales – l’air), les formes incroyables qui bougent continuellement, Le spectacle des phénomènes, une diversité incroyable, fantastique. Et vous n’avez pas idée de tout ce qui se passe autour de vous quand vous êtes complètement emprisonnés dans votre situation existentielle qui est en réalité votre mental.

 

Nous apprenons donc à sortir régulièrement de ce niveau que j’appelle la situation existentielle et à entrer dans la vie. La vie, c’est maintenant. C’était le premier niveau du moment présent, ce qui est dans votre vie. Soyez-en conscient, sans quoi vous passez à côté de tout, parce que vous vous faites trop de soucis à propos de votre réalité conceptuelle qui est en fait votre situation existentielle. Vous vous faites tellement de soucis à propos de votre réalité conceptuelle que vous passez à côté de la réalité.

 

Votre réalité conceptuelle consomme en permanence toute votre attention et votre vie vous préoccupe alors qu’en fait, elle n’est que votre situation existentielle et vous l’appelez votre vie. Ce n’est pas du tout la vie. Et c’est donc un sort horrible pour une personne d’être consommée par sa situation existentielle puisqu’elle passe alors à côté de la vie. Elle essaie de trouver la vie, la plénitude de la vie dans sa situation existentielle en espérant qu’elle finira par en sortir de façon à trouver la vie. Or, si votre situation existentielle est tout ce que vous avez, vous ne trouverez jamais la vie, parce que votre situation existentielle est un ensemble de pensées et de concepts dans votre tête.

 

Donc, pour être investis de pouvoir, il vous faut – pourrait-on dire – vous élever au-dessus de votre situation existentielle. Cela ne veut pas dire que vous ne vous occupez plus des choses. Vous continuez de le faire, mais vous vous rendez compte qu’il y a un niveau ou une dimension en vous qui est de loin plus puissante et fondamentale que tout ce qui arrive dans votre vie.

 

Donc, accéder à cette dimension est essentiel et c’est en réalité tout le sens de la spiritualité plutôt que d’avoir des idées étranges à propos de ceci ou de cela ou des croyances. Cela n’a rien à voir avec des idées. Cela n’a rien à voir avec des concepts. Des concepts spirituels, ça n’existe pas. Les concepts ne sont pas spirituels. Il n’existe même pas de pensées spirituelles. Des pensées spirituelles, ça n’existe pas. Une pensée n’est pas spirituelle, parce qu’une pensée est une forme. Le spirituel est la dimension sans forme en vous-même.

 

Alors, le niveau un, tout ce qui est dans votre vie. Vous pourriez dire : « Oui, mais c’est encore de la forme ». Oui, c’est aussi de la forme, mais ce n’est pas une forme mentale ; ce n’est pas une forme conceptuelle. C’est ce qui est ici dans le monde des formes physiques. Soyez ouverts à ce niveau 1 du moment présent.

 

Niveau 2 du moment présent – ne vous attachez pas aux numéros ; c’est juste une façon de dire les choses – niveau 2 du moment présent, c’est sentir que vous êtes vivants. Votre attention était sur ce qui se trouve dans votre vie. Le monde présente de nombreux aspects. Il y a un jeu incroyable de phénomènes dans votre vie et vous le reconnaissez. C’est magnifique et cela n’a rien à voir avec ce que sont vos relations en ce moment, avec votre situation bancaire, Ni avec le fait de savoir si vous avez ou non un travail, si votre femme vient de vous quitter, si votre mari a fait ceci… Cela n’a à voir avec rien de tout cela. Vous en sortez pour venir dans la présence.

 

Le niveau 2 de la présence, c’est sentir que vous êtes vivants à l’intérieur. Vous avez déjà remarqué que le monde autour de vous est vivant. Eh bien, c’est un grand pas en avant. Vous avez remarqué que le monde autour de vous est absolument vivant. Donc, pour le remarquer, Il faut que vous vous soyez écartés de votre situation existentielle, de votre réalité conceptuelle : « Oh, OK ! . . ». Vous respirez. C’est magnifique, le jeu des formes ! Puis vous sentez que vous êtes vivants à l’intérieur, que votre corps est vivant. Vous sentez la vie dans vos mains, dans vos bras, dans vos jambes, toute la vie à l’intérieur, à l’arrière-plan.

 

Et vous pouvez toujours regarder autour de vous et y voir partout la vie incroyable. Maintenant, si vous ressentez le corps à l’intérieur, vous êtes déjà passé à une dimension qui est même plus vitale que les formes de vie. Il y a votre corps. C’est bon d’être incarné, de sentir encore la vie dans chaque situation quotidienne, quand il se passe des choses, quand vous écoutez les informations, quand quelque chose de terrible vient de se produire, l’annonce d’une croissance négative pour l’année suivante dans l’économie. « Une croissance négative », qu’est-ce que c’est que ça ? ». Nous sommes maintenant officiellement dans une récession : « Oh, mon Dieu !. Nous allons réduire nos achats de Noël. Oh, non !, nous allons être privés de nos courses effrénées dans les magasins à Noël. oh, que c’est horrible!  »

 

Donc, même en écoutant les informations – j’exagère un peu, mais il y a du vrai là-dedans – même en écoutant les informations, vous pouvez ressentir l’énergie à l’intérieur, tandis qu’ils déclarent : « Nous sommes désormais officiellement en récession. Toute l’industrie automobile des Etats-Unis risque de s’effondrer et d’entraîner tout le monde dans sa chute ». Et vous ressentez la vie, l’énergie à l’intérieur de sorte que vous ressentiez quelque chose de plus vital que cela.

 

Et si vous faites partie de l’industrie automobile des Etats-Unis et si cela vous affecte directement ou indirectement, quand la situation se manifeste extérieurement, vous faites ce qu’il y a lieu de faire dans le moment présent. Vous acceptez tout ce qui est, vous examinez ce qui est, puis vous dites : « OK, qu’est-ce que je peux faire ? » Et vous allez dans la vie. Vous en ressortez et examinez votre situation. Trouvez l’équilibre entre traiter votre situation existentielle et entrer dans la vie, dans l’état de vie.

 

Donc, niveau 2, la vie dans le corps en écoutant les informations, par exemple, ou quand le téléphone sonne et la personne vous dit : « Oh, écoute, il faut que nous fassions quelque chose ! ». Eh bien, si quelqu’un vous dit « il faut qu’on fasse quelque chose », vous quittez la situation existentielle et vous devenez présents, là où il n’y a pas de problèmes. Vous pouvez donc vous maintenir à votre corps subtil.

 

Et à un niveau encore plus profond de votre situation existentielle… – les différents niveaux sont bien sûr tous reliés, ils ne font qu’un finalement. À ce niveau le plus profond, celui qui les contient tous, c’est la réalisation que sous-jacent à cela, qui vous êtes ne sont pas les pensées qui vous traversent la tête, ni rien de ce qui se passe extérieurement, mais vous pouvez en fait sentir en vous-mêmes que vous êtes ce en quoi apparaissent tous les phénomènes.

 

C’est le niveau le plus profond de la vie. La vie est la conscience que vous êtes, le « je », le « je suis ». On n’ajoute rien d’autre au « je suis », le « je suis » au « qui vous êtes » le plus profond dans votre identité la plus intime. C’est la conscience. C’est le sans-forme. C’est la lumière dans laquelle toute chose apparaît et vous sentir vous-mêmes, même en cet instant, sentir que rien de ce qui peut être défini n’est qui vous êtes, rien de ce qui peut être pensé n’est qui vous êtes, rien de ce qui se passe dans votre vie n’a en fin de compte rien à voir avec qui vous êtes en votre essence.

 

Les échecs et les réussites n’ont en fin de compte rien à voir avec qui vous êtes. La réussite ne peut pas vous donner votre réalité véritable. Les échecs et les réussites ne sont pas qui vous êtes. Ce sont le jeu des formes. Cela a à voir avec le temps, c’est votre situation existentielle.

 

Sortez-en Pour vous jeter dans le feu et l’abondance du moment présent où vous vous connaissez vous-mêmes en tant que la conscience elle-même. Il y a une autre expression que vous pourriez utiliser comme guide : se rendre compte du calme en soi-même. La conscience est calme ; elle est vivante, dynamique, mais calme. Au-dessous de toutes les choses qui se produisent à l’extérieur et à l’intérieur (dans votre mental et dans votre champ émotionnel), vous demeurez en tant que cela.

 

Le maître spirituel se connaît lui-même (ou elle-même) en tant que la conscience dans toute situation extérieure. On peut en fait sentir l’espace en soi indépendamment de ce qui se passe et même en pensant. Certes, on se met à penser beaucoup moins, parce qu’il n’y a aucune raison de penser tout le temps à des choses inutiles. Sentir, toujours à l’arrière-plan, le « je suis », le calme, le silence, ce qui est précieux, quelque chose de très précieux, indestructible. Et parfois, pour le sentir, vous pouvez avoir besoin d’être confrontés à un défi extrêmement pénible qui survient alors subitement.

 

Mais quand dans votre vie une forme commence à se dissoudre ou à s’effondrer, il y a une chance plus grande de découvrir en vous ce qui est au-delà de la forme. Disons que toute la bourse s’effondre et que votre relevé de compte indique alors zéro. Cet instant où vous regardez votre solde – disons que vos actions sont passées de 500 000 € à 5 € vous découvrez que cette forme qui était pour vous importante s’est dissoute. Vous regardez ça et au lieu d’y résister, puisque c’est ce qui est, ce n’est finalement qu’un chiffre sur du papier… – Cela ne devient un gros problème que lorsque vous vous mettez à y penser.

 

Mais quelle est la réalité ? Vous ouvrez cette chose. Vous sortez les papiers de l’enveloppe et vous allez les lire. Il y a là des petits gribouillages imprimés de façon informatique qui contiennent un chiffre. Et c’est tout ce qu’il y a dans la réalité de l’instant à moins que vous n’en fassiez un problème en vous mettant à penser : « Qu’est-ce qui va m’arriver à l’avenir ? Comment est-ce que je vais pouvoir survivre dans ma vieillesse ? J’ai travaillé pendant trente ans pour rien ! ».

 

Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Cela veut dire qu’il y a une histoire autour de la simplicité d’un chiffre sur une feuille de papier. Et une fois que vous êtes pris là-dedans, vous êtes perdus. Vous devenez un maître, quand vous voyez clairement la simplicité de chaque instant sans vous mettre à inventer des histoires à propos de « moi, mon passé, mon futur » : « Tout a été en vain. J’ai échoué. Tout a été inutile. Je ne pourrai plus jamais faire d’argent . . . ». Que des histoires mentales, des histoires fabriquées par le mental !…

 

Donc, la solution à vos problèmes financiers ou autres consiste, autant que vous le pouvez, à vous en dégager pour entrer dans la vie du moment présent qui est qui vous êtes en votre essence. Vous êtes le moment présent dans lequel tout se produit, la conscience dans laquelle toute chose se déroule, l’espace intemporel. Et vous examinez alors la situation. Vous venez donc, vous êtes enracinés dans un endroit plus profond, et vous vous occupez alors de la chose extérieure.

 

Mais faites toujours très attention, parce que l’extérieur a un grand pouvoir d’attraction et vous vivez dans un monde qui est complètement hypnotisé par l’extérieur, un monde qui vous dit combien l’extérieur est important. Il y a sans cesse quelqu’un qui vous dit : « C’est très important, tu devrais t’en soucier. Tu devrais avoir peur. Tu devrais y réfléchir. Parlons-en ! ». Le monde a ce pouvoir d’attraction.

 

Il faut que vous vous rendiez compte que tout le monde est hypnotisé et croit qu’il n’y a que cela et que c’est absolument sérieux et important. C’est peut-être important mais seulement de façon relative. Ce n’est pas d’une importance absolue. Ce qui est d’une importance absolue, c’est trouver l’essence de qui vous êtes. Prenez alors soin des choses à partir de là de sorte qu’une énergie différente s’écoule jusque dans ce que vous faites. Ainsi, les deux ne sont pas séparés.

 

Même votre soi-disant situation existentielle change. Elle est affectée par le pouvoir de la vie elle-même quand vous en êtes conscients en vous-mêmes. Un différent niveau de conscience imprègne donc ce que vous faites, une énergie différente circule dans ce que vous faites quand vous vous rendez compte que tout ce que vous faites n’est au mieux que relativement important. Tout ce qui arrive est relatif. La seule chose qui soit absolue, c’est trouver la vie ou, comme Jésus l’appelait, l’abondance de la vie, ce qui n’a rien à voir avec votre situation existentielle.

 

Et étrangement, votre situation existentielle a tendance à se dérouler plus aisément quand vous êtes connectés à cette dimension qui est plus profonde que les situations existentielles. Même au niveau extérieur de votre situation existentielle, les choses se passent plus légèrement, plus facilement. C’est ce qui est magnifique ! Et c’est là où il faut pratiquer : il n’y a pas de meilleure occasion que le temps présent quand vous êtes face à un défi plutôt que d’être encore bercés d’illusions pendant quelques années en pensant que tout va bien quand ça n’est pas le cas, parce que les choses dans votre vie finiront par se dissoudre de toutes façons. Si elles ne se dissolvent pas dans votre vie, c’est vous qui disparaissez avant elles.

 

Il est donc mieux de voir ce fait maintenant que d’attendre que vous ayez 92 ans. Vous pourriez alors ne plus être aussi alertes pour trouver la réalité de qui vous êtes et la réalité qui sous-tend les phénomènes. Donc, la maîtrise de la vie consiste à vivre dans deux dimensions simultanément et voir alors ce qui se passe. Vous pratiquez alors à chaque instant et toute situation qui se présente dans votre vie constitue une pratique pour demeurer présent dans cette situation même, pour sentir la profondeur de qui vous êtes, le pouvoir du moment présent, le pouvoir de la conscience, tandis que vous vous occupez des choses.

 

C’est ce que veut dire être investi de pouvoir. C’est ce que tout le monde veut, mais on le recherche là où l’on ne peut pas le trouver. On recherche du pouvoir dans sa situation existentielle extérieure. Le pouvoir doit venir de l’intérieur. Il ne vient pas de vos pensées, ni de ce qui se passe à l’extérieur.

 

Présentons cela différemment. Examinez les limitations qui surgissent dans votre vie. Disons que vous êtes coincés quelque part, dans un endroit ou une situation désagréable, et vous voulez en sortir. Examinez la situation : « Qu’est-ce que je peux faire ? ». Peut-être n’y a-t-il rien que vous puissiez faire dans l’instant. C’est magnifique de le voir : « Dans l’instant, il n’y a rien que je puisse faire. Je ne peux même pas téléphoner, c’est dimanche aujourd’hui. Je ne peux appeler personne, ils ne travaillent pas. Je ne peux rien faire, sinon être avec ce qui est, rester ».

 

Le jour suivant, l’action surgit, sans vous perdre dans l’action. C’est une autre chose importante. Car il est très facile, une fois que vous commencez à parler et à agir, de vous y perdre totalement. Vous êtes stressés. Le moindre stress veut dire que vous vous êtes à nouveau perdus dans votre situation existentielle. Il est possible de traiter les choses efficacement sans stress. Soyez plus puissants que la situation.

 

Pour la plupart des gens, la situation est toujours plus puissante qu’eux-mêmes. Ils se sentent donc plus petits que la situation. . . C’est une réaction normale ! Et c’est une illusion, parce que tout survient de la conscience. En réalité, vous êtes donc de loin plus puissants, le pouvoir de qui vous êtes est de loin plus puissant que n’importe quoi d’extérieur, mais les gens ne le savent pas. Ils sont donc toujours en réaction contre quelque chose, se défendant contre ceci ou cela sans réaliser que la situation a en fait très peu de pouvoir.

 

Et si votre état de conscience change, la réalité extérieure reflète le changement. Cela ne signifie pas que tout reste absolument solide dans la réalité extérieure. Elle demeure sujette aux fluctuations continues. Vous ne vous attachez donc à rien. Mais c’est magnifique de voir que la réalité extérieure reflète fondamentalement votre état intérieur prédominant. Si votre état intérieur est investi de pouvoir, – et il ne peut l’être que lorsque vous n’êtes pas perdus dans votre situation existentielle ce pouvoir se manifeste dans votre vie et cela peut se passer sous de nombreuses formes. Cela peut arriver à travers l’abondance financière, à travers toute forme que la vie peut prendre.

 

C’est donc tout à fait étonnant de découvrir que vous êtes en réalité plus puissants que le monde autour de vous, non pas dans un sens égoïque restreint qui vous ferait dire : « Je peux contrôler tout ce qui arrive ». Non ! Il y a donc maintenant une occasion merveilleuse de faire l’expérience en conscience de votre situation existentielle et de votre vie : « Où est la vie en cet instant ? ». Est-ce que vous ressentez la vie de cet instant ?

 

L’univers vous utilise, parce qu’il va quelque part. Il y a un élan d’évolution à l’oeuvre sur la planète et partout ailleurs, parce que si cela arrive ici, cela arrive partout « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ». La conscience qui veut venir en ce monde peut alors s’écouler librement à travers vous et s’exprimer. Comment ? De nombreuses façons différentes, selon votre forme particulière. Cela pourrait être une affaire éclairée. Vous pourriez produire quelque chose qui affecte beaucoup de gens et qui leur apporte cette conscience ; ce pourrait être à travers une création artistique, ceci, cela ; d’innombrables possibilités de la façon dont vous pouvez être une ouverture pour l’élan d’évolution de l’univers qui veut passer.

 

Où que vous alliez, les gens seront alors affectés par cette énergie transformée. Vous ne pouvez pas ne pas affecter le monde. Quand vous vivez dans le nouvel état de conscience, toute personne avec qui vous entrez en contact en est affectée. Même si vous étiez un ermite, vous affecteriez encore la conscience collective. Si vous êtes un porteur de la fréquence, comme je l’appelle dans Nouvelle-Terre… – Un porteur de la fréquence est quelqu’un qui n’est pas très intéressé à aller dans le monde, à changer le monde ou à fonder une grande organisation pour faire du monde un meilleur endroit, ni à créer une grande oeuvre d’art, ni à présenter une nouvelle découverte, ni à écrire un grand livre.

 

Ce n’est pas qu’il y ait quoi que ce soit à redire concernant toutes ces choses. C’est le but dans la vie de certaines personnes, mais il y en a d’autres qui ne sont pas attirées par cela, qui sont contentes de rester dans un cercle d’influence relativement petit, qui sont peut-être simplement contemplatives. C’est un ancien terme pour ces gens-là, des gens qui n’ont pas envie de sortir pour changer le monde. Ils veulent simplement être présents. Et c’est excellent, parce qu’ils portent la fréquence de cet état de conscience.

 

Quel qu’il soit, votre état de conscience affecte toute la conscience, fait partie de toute la conscience. J’ai donc été un porteur de la fréquence une grande partie de ma vie, jamais très intéressé à aller dans le monde et à accomplir de grandes choses. Je me sentais en quelque sorte heureux en étant retiré jusqu’à ce que quelque chose arrive dans ma vie et que je sente : il y a plus que je peux faire. C’est la pensée qui est venue. Je faisais des petits ateliers avec des gens (dix personnes à la fois, une quinzaine), pendant des années, donnant des conférences dans le salon des gens. C’était très bien. De nombreuses façons, je me sentais heureux d’être un demi-ermite, en sortant de temps en temps pour faire des petites choses, heureux de ne pas être célèbre.

 

Je n’ai jamais eu envie d’être célèbre, mais la pensée m’est venue ensuite : « Je pourrais en faire tellement plus en ce monde, mais cela ne semble pas arriver ». Un jour, j’étais assis sous un chêne. Tout à l’heure, je répondrai à des questions. Quelqu’un pose une question concernant le « mécontentement divin ». La question est : « Est-ce que vous connaissez ce qu’on peut appeler le mécontentement divin ? », le mécontentement qui mène à quelque chose de très positif. On pourrait dire qu’à un moment, à cette époque, j’ai connu une forme légère du « mécontentement divin » qui était simplement l’impression « il y a plus que je peux faire, que je pourrais faire, mais ça n’arrive pas ». C’est une forme légère du mécontentement divin.

 

Ce n’est pas de la peine qui ferait dire : « Oh, j’ai échoué. Je suis dans la quarantaine et je n’ai rien accompli ! ». Ce n’est pas le mécontentement divin. C’est juste une forme normale de souffrance. Avec le mécontentement divin, il n’y a pas beaucoup d’activité mentale concernant « moi et ma vie ». C’est juste une impression : « Ma situation existentielle actuelle présente ces limitations dans ma vie, mais je pourrais aller au-delà, je pourrais être plus immense ; le monde a besoin de ce que je sais pouvoir venir à travers moi. Je sais que le monde en a besoin. Donc, pourquoi le monde ne… ?… – Je parle peut-être également pour certains d’entre vous. Pourquoi est-ce que le monde ne me présente pas ce défi. C’était donc le mécontentement divin.

 

Donc, j’étais assis sous un chêne, dans le Somerset où j’allais parfois, un chêne magnifique, et je dis à l’univers, à savoir finalement à moi-même : « Utilise-moi, s’il te plaît ! ». Je me parlais à moi-même au bout du compte, parce que je suis cela : « Utilise-moi, s’il te plaît, je suis ici ! ». J’étais donc un porteur de la fréquence et maintenant, après avoir été de nombreuses années un porteur de la fréquence, j’avais ce sentiment : « OK, c’est maintenant l’expansion qui est nécessaire dans ce monde », un moment de mécontentement divin : « Utilise-moi, s’il te plaît ! ». Je n’ai pas entendu de réponse. Puis j’ai dit quelque chose qui… – Des années plus tard, je me suis dit que j’en avais peut-être demandé trop. J’ai dit : « Je veux une accélération ».

 

OK, je suis rentré à la maison et rien ne s’est passé pendant quelques mois. Je ne savais pas que, pendant que rien ne se passait dans ma petite maison de campagne dans le Somerset… – ne prenez pas ce que je dis au pied de la lettre – le compte à rebours avait déjà commencé, comme pour un vaisseau spatial : 10, 9, 8, 7, 6, et je me suis réveillé un jour en me disant : « Il faut que je parte, je dois aller sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. Ce fut le début. Le vaisseau spatial avait donc décollé subitement. Et finalement, j’ai atterri sur le bureau d’Oprah quelques années plus tard. Je n’en ai jamais voulu autant ! C’était trop ! Ensuite, 54/30 the less was to surrender to that Le moins que je pouvais faire était de m’abandonner à cela. Ce ne fut pas trop, ce fut ce qui était nécessaire.

 

Si j’avais été bloqué dans des idées antérieures que j’avais concernant la façon dont ma vie devait se dérouler, j’aurais dit : « Oh, je suis submergé, c’est trop ». Eh bien, c’est maintenant l’abandon à ce qui est maintenant, l’abandon à cet énorme courant d’énergie qui passe. Tu l’as demandé, tu as demandé une accélération. Et c’est là. Beaucoup de gens pensent que ma situation existentielle doit être merveilleuse. Sous de nombreux aspects, elle l’est, mais aucune situation existentielle n’est totalement satisfaisante. Il y a toujours des choses qui arrivent et qui changent. Il n’y a pas de certitude définitive dans n’importe quelle situation existentielle.

 

Vous ne pouvez pas retirer d’une situation existentielle une satisfaction durable, même si vous êtes célèbres. Je peux vous le dire maintenant. La situation existentielle n’a pas le pouvoir de vous satisfaire longtemps. La satisfaction doit être trouvée dans la vie et la vie est maintenant. Quand vous trouvez cela, votre situation existentielle est alors excellente. Elle se déroule et elle est probablement investie de pouvoir. La situation existentielle n’a pas le pouvoir de vous épanouir – n’attendez pas cela – et elle n’a pas davantage le pouvoir de vous frustrer. Il vous faut aller plus en profondeur là où vous êtes plus grand que la situation.

 

Bien qu’il y eut ce mécontentement divin pendant un certain temps, je ne suis certainement pas plus heureux ou plus satisfait que je ne l’étais quand… – Un magazine avait écrit : « Eckhart Tolle a subitement émergé de l’obscurité complète ». Donc, quand je vivais dans l’obscurité complète – je ne savais pas que j’étais dans l’obscurité complète, mais… – je n’étais pas moins heureux que je ne le suis maintenant. L’état est le même. C’est satisfaisant de voir que la conscience évolue à travers cette forme, oui, mais il n’y a pas plus de bonheur. Le bonheur était déjà là fondamentalement, parce que j’étais profondément enraciné dans la vie, comme je le suis toujours. La vie est pour moi toujours plus essentielle que la situation existentielle.

 

Même maintenant, je suis toujours un peu en décalage bien que des grandes choses arrivent. Mais je ne le recommande à personne, j’en parle simplement. Je suis un peu en décalage, parce que je suis toujours attiré de façon bien plus importante par le moment présent et la vie qu’il y a là que par ce que j’ai à traiter sur un plan extérieur. Je vais donc toujours un peu trop loin et c’est parfois un peu chaotique dans ma vie, parce que je ne m’occupe pas de tout. Si je m’occupais de tout, je serais stressé, ce serait trop. Beaucoup de choses sont donc laissées de côté et après quelques mois, elles ne sont plus un problème, parce que la situation a changé.

 

Et je ne fais rien que je n’apprécie pas. J’arrête ! Quel est l’intérêt de faire quelque chose qu’on ne peut pas apprécier ? Mais ne dites pas hâtivement : « OK, je ne peux définitivement pas apprécier ceci !… ». Voyez si vous pouvez vous connecter au pouvoir du moment présent et faites alors tout ce que vous faites. Donc, ne dites pas tout de suite : « Je ne pourrai jamais apprécier ce que je fais ». Peut-être, peut-être pas ! Essayez simplement de vous connecter, de sortir de la situation pour aller dans le pouvoir du moment présent et voyez ce qui se passe. Peut-être pouvez-vous apprécier ce que vous faites. Et dans le cas contraire, faites autre chose.

 

Mais ne faites pas de compromis, ne vivez pas avec la peine, dans le stress continuel, ni dans la frustration. C’est une façon terrible de vivre. Une grande partie du monde vit de cette façon.

 

Donc, quel merveilleux défi ici ! Quoi qu’il se présente, c’est une situation existentielle et le défi, c’est la situation qui révèle ce qui est plus profond. Donc, sans les défis, vous seriez confortablement assis dans votre fauteuil les trente prochaines années ou jusqu’à la retraite, en regardant vos investissements augmenter de plus en plus, et votre mort. Vous vivriez dans une certitude complète tandis qu’on s’occupe de vous, ayant votre assurance-vie, vos investissements fructifiant chaque année, rien ne pouvant se passer mal. OK, tout va pour le mieux. Vous regardez la télévision tous les jours pendant cinq heures… Et rien d’autre ! Aucune évolution, aucun épanouissement de la conscience !

 

Et il y a quelqu’un d’autre qui a fait de sa vie un terrible gâchis, qui finit en prison, se retrouve là pour vingt ans et subitement s’éveille dans cette situation même. Il ou elle se rend compte : « Je suis la vie ». Et la situation est relativement sans importance pour sentir que qui je suis en mon essence est au-delà de toutes limitations sur le plan extérieur. C’est donc pourquoi je reçois souvent des lettres de prisonniers qui disent : « Je me suis éveillé en prison. Je suis libre. Je ne suis plus malheureux, et il me reste 20 ans à faire. Je ne suis plus malheureux ».

 

J’ai rarement reçu des lettres de gens qui disent : « Je me suis éveillé, parce que mes investissements augmentent chaque année ». En fait, je n’ai jamais reçu une telle lettre. Je reçois parfois des lettres de gens qui s’éveillent en étant confrontés à une maladie physique. Souvent, le changement se produit alors. Chaque défi représente une occasion de s’éveiller. Si vous n’êtes pas défiés par la vie, attendez, ça va venir ! Alors, n’est-ce pas merveilleux que, quoi que ce soit qui se passe désormais, ce n’est plus un problème qui se présente dans votre vie ? C’est un défi ! Ce n’est pas une chose horrible, c’est excellent ! C’est une occasion d’être plus conscient, plus présent à ce qui est.

 

Cela nous ramène donc aux deux premières lignes de ce livre : « La vie est difficile ». Certes, elle est pleine de défis, mais une fois que vous le savez et reconnaissez que c’est ce qui est, la vie n’est plus difficile. Elle est juste ce qu’elle est. Elle ne reste difficile que si vous avez l’idée bloquée dans votre tête qu’elle ne devrait pas être telle qu’elle est. C’est paradoxal : la vie est difficile et une fois que vous le savez, elle n’est plus difficile. Savoir qu’elle est difficile implique d’accepter qu’elle est difficile. La vie n’est difficile que tant que vous y résistez. Quand la résistance n’est plus, la vie n’est plus dite difficile. Elle présente des défis et chaque défi amplifie la vie.

 

Mon ami, Steve, qui est là peut en témoigner, parce qu’il a récemment été confronté à un défi où il a été bloqué dans une chambre d’hôtel à Bombay avec des terroristes fous qui encerclaient l’immeuble pendant plusieurs jours et il est allé profondément à l’intérieur. Ce ne fut pas difficile pour lui, parce qu’il était déjà immergé dans la présence depuis de nombreuses années. Il fut capable de s’extraire de la situation qui aurait certainement pu être qualifiée de difficile et d’aller profondément à l’intérieur dans le pouvoir du moment présent, dans la conscience elle-même.



16/05/2014
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