Eckhart Tolle: Faire naître la nouvelle conscience…

Tandis que nous sommes assis ici sans que rien ne se passe, à l’exception d’une petite chose, le mental peut se laisser aller et créer un événement imaginaire. Ainsi, vous vous mettez à penser au passé, au futur, au pays des rêves, parce que le mental ne se sent pas bien quand il ne se passe rien. Assis ici, vous pourriez donc vous mettre à rêver du passé et du futur en attendant que la séance commence sans vous rendre compte qu’elle a déjà commencé, de la même façon que les gens attendent que leur vie démarre sans se rendre compte qu’elle a déjà démarré. Donc, quelle est l’alternative à l’évasion mentale ? L’alternative consiste simplement à être présent de toute son attention à la simplicité du moment présent où il ne se passe pratiquement rien.

 

Donc, que reste-t-il de vous-mêmes dès lors que vous ne suivez plus un cortège de pensées et que s’ouvre l’espace ? Que reste-t-il alors du moment présent ? Quel est son contenu ? Simplement ce que perçoivent vos sens, la salle dans son ensemble, les lampes, des bruits, la voix et ce qui rend le tout possible. Il y a une lumière dans laquelle cela apparaît, la conscience à l’arrière-plan. C’est ce qu’il reste. Cela n’a pas de forme. C’est intemporel.

 

C’est simplement la présence et c’est qui vous êtes au-delà du passé et du futur, ce qui n’a rien à voir avec votre histoire personnelle, si ce n’est que votre histoire personnelle vous a amenés jusqu’à cet instant de conscience qu’il y a une dimension en vous qui n’a rien à voir avec votre histoire personnelle. Cela n’a rien à voir non plus avec la conceptualisation mentale, avec toute sorte de bruit mental. C’est simplement une sorte d’espace conscient et un socle d’où émergent la joie et la vie. Et vous connaître en tant que cela est paisible. C’est la paix, mais une paix vivante.

 

La paix est donc déjà là en tant que l’essence et jamais dans les conditions, dans les conditions extérieures, ni dans les conditions mentales qui ne peuvent pas vous apporter la paix, si ce n’est une paix illusoire pendant de brefs moments. Donc, rechercher la paix dans les conditions, qu’elles soient mentales ou extérieures, c’est frustrant. C’est aussi négliger le simple fait que l’endroit de la paix, à savoir la conscience non conditionnée en vous, l’intemporel, la lumière du monde (comme disait Jésus) se trouve déjà là dans sa plénitude, a toujours été là, sera toujours là, bien que dire a été et sera n’a pas de sens puisque c’est intemporel.

 

Mais l’essence est négligée à cause de la nature séduisante du monde de la forme, des pensées qui affluent continuellement, des perceptions sensorielles. Vous vous perdez dans les formes, dans les formes-pensées et les formes extérieures. Vous êtes embarqués. Et vous êtes submergés de trucs en vous cherchant vous-mêmes dans d’autres trucs encore, d’autres trucs pour le mental. Vous négligez donc l’essence qui est toujours là. Il s’agit de rediriger son attention.

 

On retire son attention de la forme… Maintenant, il faut être clair : quand je dis qu’on dirige son attention sur la dimension sans forme en vous, on pourrait croire que la dimension sans forme en vous pourrait devenir un objet de votre attention, mais ce n’est pas possible. La dimension sans forme en vous ne peut pas être un objet de votre attention, de votre conscience, parce que la dimension sans forme est la conscience. La conscience ne peut pas être un objet pour elle-même.

 

Dans ce sens, vous ne pouvez donc jamais trouver l’essence de qui vous êtes pour en arriver à dire : « Ça y est, je l’ai ! ». Vous ne pouvez jamais dire « je l’ai ». Tout ce que vous pouvez dire, c’est « Je le suis ». Cela ne peut pas être un objet. Vous ne pouvez pas vous transformer en objet pour dire « je me connais ». Vous ne pouvez pas vous connaître. Vous pouvez savoir une foule de choses à votre sujet qui se rapportent au contenu mental, mais vous ne pouvez pas vous connaître, connaître qui vous êtes en votre essence, parce que vous êtes le sujet éternel, la base de toute connaissance.

 

Quand vous dites « je me connais », il y a « je » et il y a « me », « moi ». Dès lors, vous vous êtes séparés en deux. C’est en fait l’ego. Vous vous séparez en deux et dites « c’est moi » et vous êtes alors en relation avec vous-mêmes. Mon chien n’est pas en relation avec lui-même. Le chat n’est pas en relation avec lui-même. La séparation ne s’est pas encore produite : moi et qui je pense être.

 

Ordinairement, les gens évoluent de façon graduelle. D’abord, ils sont en relation avec eux-mêmes. Ils se haïssent une bonne partie du temps et se disent parfois « Oh, je suis vraiment génial ! », mais ça ne dure pas. Ils doutent d’eux-mêmes ensuite. Puis ils apprennent à s’aimer eux-mêmes. C’est le stade du petit mot sur le miroir de sa salle de bains : « Je m’aime ». C’est le stade intermédiaire. À partir de là, vous en arrivez à la compréhension que vous n’êtes pas deux, que vous êtes vous-mêmes et que ce qui reste est le simple fait que « je suis qui je suis » ou « je suis ce que je suis », ce qui était d’ailleurs la réponse de Dieu, dans l’Ancien Testament, quand on lui demanda qui il était.

 

Vous ne pouvez donc pas vous connaître vous-mêmes ; vous pouvez seulement être vous-mêmes. Il n’y a rien de conceptuel à connaître. Si c’est conceptuel, ce n’est pas qui vous êtes. Autrement dit, il vous faut épouser l’ignorance. Comme le dit « Un cours en miracles », votre compréhension n’est pas une contribution importante à la vérité. Bien sûr, vous êtes porteur d’un « je veux me comprendre davantage ». Vous ne pouvez cependant pas persister très longtemps sur cette voie, parce que cela n’en finit pas. Vous arrivez finalement au bout du chemin où vous abandonnez. C’est quand vous avez cessé d’être un problème pour vous-mêmes. Et quand vous n’êtes plus un problème pour vous-mêmes, par ailleurs, vous n’êtes plus non plus un problème pour les autres.

 

Combien de gens vivent leur vie avec une identité, un sentiment identitaire, basé principalement sur la croyance qu’ils sont un problème à résoudre ? Il y a bien sûr une solution, mais elle ne se trouve pas là où le soi egoïque la cherche. La solution est ici et maintenant et non pas dans le temps. En cet instant, vous rendre compte que vous êtes déjà qui vous êtes en tant que la conscience dans laquelle apparaît la forme du moment présent. En d’autres termes, vous devenez conscients que vous êtes conscients. Vous vous connaissez en tant que la conscience. La conscience se connaît elle-même. C’est une compréhension étonnante. C’est la compréhension de « je suis », mais non pas de ceci ou de cela, simplement de « je suis ».

 

Et cela apporte la paix de se connaître soi-même par l’acte de la non-connaissance, de ne pas se connaître de quelque point de vue conceptuel, d’être soi-même en tant que la conscience. Bien sûr, la danse de la forme, votre existence se poursuit alors et il y a la paix à l’arrière-plan. L’art de vivre consiste à être conscient que vous êtes la conscience, à être conscient que vous êtes la présence, être conscient en tant que la présence, la conscience, non seulement pendant que vous considérez les choses, les observez, mais encore pendant que vous êtes dans l’action et que vous vous exprimez.

 

Vous remarquez alors des espaces dans votre vie, ce qui est essentiel, des espaces entre les choses, là où il n’y avait pas avant ces espaces ou, en tout cas, que vous ne remarquiez pas. Maintenant, vous remarquez qu’il y a des espaces, beaucoup d’espaces dans votre vie où il y a simplement une ouverture à la pure présence. Vous pourriez le vivre par le simple acte de prendre un objet et de le reposer, en regardant un arbre sans l’étiqueter de quelque façon que ce soit et en étant simplement la présence qui le perçoit, en allant d’un endroit à un autre sans faire de chaque pas le moyen pour la fin mais être présent à chaque pas, à chaque étape, en étant le silence spacieux alors que vous écoutez un autre être humain, en étant simplement là en tant que l’espace, non pas en tant qu’objet ni que bruit mental.

 

Il y a ainsi un phénomène graduel où la personnalité s’efface un peu dans votre vie. Elle agit toujours quand il le faut, mais de plus en plus, la conscience émerge, vous êtes là en tant que présence consciente plutôt qu’une personne avec un passé et un avenir. La personne commence ainsi à être transparente d’une façon ou d’une autre à la lumière de la conscience qui illumine la forme. . . Là où il y avait avant de la densité, où les choses étaient repoussées pour tenter de passer en force, pour obtenir des petites choses, où vous y parveniez de temps en temps avec des moments de soulagement . . . mais ça ne durait pas.

 

Maintenant, vous pouvez remarquer qu’il faut une certaine vigilance, non pas une tension ni de la pression, mais une certaine vigilance pour que la pensée ne vous tienne pas à distance, ne vous entraîne pas là où le vieux penser conditionné veut aller. Il faut donc une certaine vigilance et c’est notre méditation ici aujourd’hui : la vigilance doit être là, parce qu’autrement, vous sombrez dans l’état onirique de l’identification avec le penser.

 

Alors, tout à coup : Oh ! . . . Des pensées peuvent surgir de la vigilance, mais elles ne sont pas là une redite du vieux penser conditionné. Ce sont des pensées beaucoup plus vivantes qui jaillissent, des compréhensions, des prises de conscience. C’est nouveau, c’est vivant, ce sont des pensées renouvelées, inspirées, créatives. À d’autres moments, il y a seulement… L’amour fait partie de ce qui émerge de cet espace non conditionné. Il ne peut provenir de nulle part ailleurs.

 

Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir un invité d’honneur. C’est devenu une tradition dans nos rencontres. Cet invité n’a pas besoin d’être présenté, mais j’aimerais toutefois la présenter en vous racontant comment je l’ai moi-même connue. Elle ne le sait pas, je ne lui avais pas encore dit.

 

C’était peut-être en 1996, je vivais à Londres et, l’année avant je crois, Un cours en miracles venait d’être publié en Angleterre, sous la forme d’un livre de poche en un volume. La première fois que j’ai entendu « Cours en miracles », je me suis dit : « Sans doute encore une chose bizarre qui nous vient de Californie ! ». J’avais un préjugé, le préjugé européen. Plus tard, je me suis rendu compte que beaucoup de choses magnifiques proviennent aussi de Californie, des choses étranges également. D’ailleurs, je ne savais pas qu’Un cours en miracles ne provenait pas du tout de Californie, mais de Manhattan, de l’université Columbia de façon non officielle. Il n’a pas été sponsorisé par l’université Columbia.

 

Je rendais visite à un ami, prenait le thé et nous parlions un peu de ce cours en miracles que j’avais en fait découvert comme étant très profond. J’en avais donc acheté un exemplaire et mon ami me dit : « Oh, j’aimerais que tu écoutes cette cassette qu’on m’a donnée. C’est une copie d’une copie. Le son n’est pas trop bon, mais c’est compréhensible. C’est une femme qui fait des causeries sur Un cours en miracles. Alors, écoute un peu ! »

 

Il a donc mis la cassette et c’est un peu comme si j’avais inspiré au début de la causerie pour n’expirer qu’à la fin, une demi-heure plus tard. Il y avait une telle passion, un tel investissement de pouvoir qu’après une demi-heure, quand la causerie a été terminée, j’ai été stupéfait : « Ouah, c’est incroyable ! Comment s’appelle-t-elle ? » Mon ami répondit : « Attends, je dois regarder, je ne me rappelle pas. C’est Marianne Williamson » Oh, je n’en ai jamais entendu parler. À l’époque, elle n’avait pas encore écrit de livre. Je me rappelle encore la fin de la causerie. Elle dit à la fin : « Et c’est presque fini. Merci beaucoup ! » Je ne me rappelle pas à quoi cela se référait, je pense que cela se référait à la folie égoïque du monde qui touche à sa fin. Nous l’avons avec nous et je vais lui demander dans une minute si elle pense toujours que c’est presque fini. Merci d’accueillir Marianne Williamson. S’il vous plaît !

 

E. – Alors, est-ce presque fini ?

 

M. – Eh bien, comme vous le savez, quoique cela a commencé il y a des millions d’années, en termes de temps comme nous le connaissons, cela ne se produit pas en réalité. C’est une hallucination qui n’est de toute façon qu’un clin d’oeil. Donc, à partir de ce point de vue, c’est toujours le début, c’est toujours quasiment la fin. Et c’est toujours en train de s’achever, et à chacun de ces instants dont vous avez parlé.

 

E. – Et dans notre innocence, c’est déjà fini. Oui, oui.

 

M. – Exactement. À tout moment, comme vous l’avez décrit avec une telle profondeur, cela ne peut exister.

 

E. – Oui, oui.

 

M. – Donc, quand nous sommes avec vous, c’est fini.

 

E. – Oui, oui. Maintenant, il s’agit que les humains se rendent compte que cette dimension est là où la sorte de rêve est reconnue. Il est essentiel que les humains s’en rendent compte, parce que tant qu’on ne s’en rend pas compte, on fait partie du rêve qui se transforme souvent en cauchemar. Je sais que Marianne est beaucoup plus en contact que moi avec les affaires courantes du monde, en particulier aux Etats-Unis. Comment percevez-vous la conscience collective – parlons simplement de l’Amérique du Nord et ensuite du monde – comment percevez-vous l’état de la conscience collective actuelle ?

 

M. – Eh bien, du point de vue spirituel, nous ne pouvons pas avoir une investigation significative au sujet de quoi que ce soit dans le monde sans le contexte de cette investigation étant ce qu’il se passe dans le domaine de l’esprit et de la pure conscience et l’un des points principaux du cours dans chaque vérité avec un grand V exprimée, c’est que tous, nous ne faisons qu’un ici. Et en vérité alors, il n’y a pas de monde. Tout se passe en nous. Et parce qu’en ce point de vue, tous les esprits sont reliés parce qu’ici, nous ne sommes qu’un à tout moment, nous accédons en tant qu’individus à cet endroit de pure conscience, la présence dont vous avez parlé, l’instant saint, comme l’appelle Un cours en miracles, nous ne créons pas seulement pour nous-mêmes cette grande ouverture, mais elle est spontanément créée pour tout le monde également.

 

Je vous ai parlé hier d’un documentaire passionnant que j’avais vu la veille, intitulé « Je suis » et dans le documentaire, il y a une conversation à propos de la cruauté par rapport à la coopération dans le règne animal. Il y avait là quelque chose que je n’avais jamais vu. Pensez à un groupe de cerfs, de gazelles ou d’autres animaux qui se déplacent en troupeaux, comment est-ce qu’ils décident du point d’eau où aller. Quand les oiseaux prennent leur envol, que se passe-t-il pour qu’ils volent tous ensemble dans telle ou telle direction ?

 

Et ce qui était vraiment passionnant pour moi dans ce documentaire, on disait que dans ce groupe – je ne me souviens pas s’il s’agissait de cerfs ou de gazelles, un groupe d’animaux – il y a un mâle dominant qui est le chef du troupeau, mais quant à décider à quel point d’eau aller – et il y en avait trois – ce n’est pas le mâle dominant qui prend la décision. C’était comme si chaque gazelle ou chaque cerf individuel, quoi que ce soit, tournait la tête vers un point d’eau donné. Quand 51 % des animaux tournaient la tête dans la même direction, tout le groupe allait là. Et c’était comme si le mâle dominant disait alors : « OK, allons là ! »

 

J’ai trouvé ça très étonnant. On a évoqué cela avec la théorie des 100 singes et de ce moment particulier ou le comportement de tous change en fonction du nombre d’individu apprenant quelque chose de nouveau, ou quoique ce soit mais j’ai trouvé saisissante cette élucidation des 51 % dans la nature.

 

Bien, je me sens pleine d’espoir. Je pense d’abord que l’espoir lui-même est un impératif moral. Je me sens pleine d’espoir en ce qui concerne l’état de l’humanité, parce qu’il y a tant de groupes comme celui-ci, grâce à vous, grâce à des gens comme vous que j’ai été filmé et des gens littéralement des quatre coins du monde prennent part à cette investigation profonde et cette expérience. Ce n’est pas qu’un enseignement abstrait. C’est le voyage tout entier qui ruisselle et descend progressivement et il est clair qu’il se produit. Il n’appartient à aucun groupe ethnique en particulier, à aucune région géographique, ni à aucune religion. Donc, l’état de l’humanité, pour moi personnellement, est comme il doit être, merci !

 

Le problème que nous avons, notre défi ou la situation, c’est qu’il y a des identités institutionnelles, principalement politiques, financières et en termes business, de technologie, exerçent un pouvoir matériel gigantesque et ce pouvoir matériel prend des formes puissantes telle que la bombe nucléaire. Et même si ces identités matérielles ne sont jamais la source de l’avancée vers l’illumination, je pense qu’elles sont là d’une certaine façon comme signal pour nous de ne pas s’attarder, de ne pas s’attarder parce que, comme le dit « Un cours en miracles », « L’ego est au mieux méfiant et au pire méchant ». Et dès que nous atteindrons ce champ vibratoire de 51 % ou plus, toutes ces forces matérielles chuteront de leur propre poids mort. Dès qu’il y a suffisamment de lumière, l’obscurité ne peut subsister.

 

E. – Nous voyons déjà que cela arrive dans une certaines mesure. Certaines des structures monolithiques créées de façon égoïque

 

M. – Le mur de Berlin, par exemple.

 

E. – Oui. S’effondrent de l’intérieur. Le communisme russe s’est effondré de l’intérieur. Ce qui sauve l’ego, pourrait-on quasiment dire, c’est qu’il semble avoir prévu en lui un mécanisme d’autodestruction qui finit par se déclencher.

 

M. – Eh bien, Le cours en miracles dit qu’il y a une limite au-delà de laquelle on ne peut créer inconsidérément. Cependant, selon le cours, ce que vous apprenez ne dépend pas de vous. Ce qui dépend simplement de vous, c’est l’apprendre ou dans la joie ou dans la douleur. 33/11 Oh, les égos dominants chuteront. La seule question est de savoir si nous nous écartons de la sagesse ou si nous nous écartons de ce qui implique une souffrance humaine incommensurable et tel est notre choix en la matière et non pas de savoir si les égos dominants vont disparaître. C’est comme vous disiez, il y a un mécanisme interne d’autodestruction. La question est : comment cela va-t-il finir ? Cela finira-t-il dans la joie ou dans la douleur ? Je suis une mère et tous les parents ont fait l’expérience de quelque chose qui arrive, quand cette réaction terrible nous prend et où l’on dit à son enfant, à propos de quoi que ce soit : « Ça ne se passera pas dans cette maison ! » Et j’attends avec impatience l’émergence collective dans l’humanité de la compréhension que chaque enfants sur cette planète est l’un de nos enfants et que la terre est désormais notre maison. Je pense que, quand on en arrive à certaines formes de possibilités qui ne sont rien de moins que catastrophiques, tout comme on verrait une catastrophe inhérente à une situation qui nous ferait dire à un enfant « Ça ne doit pas arriver ici ! », quand cela concerne la planète, de la même façon, « Ça ne doit pas arriver ici ! ». Parce que, quand nous le faisons, quand cette conviction – Un cours en miracles dit que les miracles proviennent de la conviction – Dans la mesure où la réalisation et la compréhension que la transformation va se produire mais que la vitesse de cette transformation, et combien de souffrance elle implique ou non dépend de nous, avec cette compréhension vient la conviction que « nous n’irons pas par-là ». Je pense alors que quelque chose de joyeux, au-delà… Tout comme le soir de la chute du mur de Berlin… c’était fantastique.

 

E. – Donc, quel est le rôle des individus en ce qui concerne l’immense structure créée de façon égoïque ? Je suis plutôt retiré du monde en dehors de l’enseignement qui va dans le monde et vous êtes davantage activiste. Donc, comment percevez-vous votre rôle ?

 

M. – Eh bien, du point de vue d’Un cours en miracles, nous avons tous notre propre mission. Nous devons tous jouer un rôle particulier. Vous êtes dans le monde un joueur d’une grande profondeur, comme chacun ici le sait, parce que vous agissez de façon très profonde au niveau de la cause.

 

E. – Oui.

 

M. – Et quand nous sommes dans cet état, celui que vous avez mentionné tout à l’heure, de pure conscience, nous recevons rien de moins que des instructions, qu’elles soient conçues ou non de cette façon. C’est intéressant de regarder ce qui s’est passé pour vous : être né en Allemagne, partir à Londres et se retrouver au Canada. Je ressens fortement qu’il s’agit là d’honorer son incarnation : où l’on est né, sa nationalité, son sexe, sa sexualité. Et même s’il y a clairement dans votre cas une dimension internationale à votre mission, Et vous et moi avons parlé de comment ma fille vit en Angleterre – elle a une sorte de connexion d’âme avec l’Angleterre bien qu’elle soit née aux Etats-Unis. Je prends très personnellement et profondément les réussites et les échecs, les contributions et les erreurs des Etats-Unis en tant que femme américaine. Mais du point de vue d’Un cours en miracles, qui n’est bien sûr qu’une partie de la vérité, et au niveau le plus profond où nous ne sommes ni homme ni femme, ni blanc ni noir, ni juif, ni américain ni canadien. Quand nous sommes à cet endroit de la profondeur des informations, de la connaissance, de l’expérience, nous sommes au-delà de tout cela et nous sommes cependant envoyés pour travailler. Et vous travaillez beaucoup là-bas. Et Le cours en miracles déclare qu’il nous faut dire chaque jour : « Où veux-tu que j’aille ? Que veux-tu que je fasse ? Que veux-tu que je dise à telle personne ? » Donc, j’essaie simplement de faire cela du mieux possible.

 

E. – Donc, honorer la forme sans s’identifier à la forme en croyant que c’est ce qu’on est.

 

M. – Ni le prendre trop sérieusement.

 

E. Oui, c’est un point important.

 

M. – Gandhi disait : « Le plus grand service que je puis rendre à mon pays, c’est me réduire à néant ».

 

E. – Oh, c’est une formulation magnifique. Cela veut dire en fait découvrir la dimension non conditionnée en soi. La forme sous laquelle vous apparaissez est finalement reconnue comme une illusion et non pas comme qui vous êtes. Donc, l’élimination de l’ego est intrinsèquement relié à ce qui est peut-être le point central de cet enseignement, à la possibilité d’en finir avec le penser compulsif, l’ancien penser compulsif conditionné, de sorte qu’un espace s’ouvre en soi où le penser n’est pas, mais simplement la conscience pure.

 

M. – C’est une sorte d’intuition. Quand on se rend compte de la nature illusoire du monde de la forme, nous avons le pouvoir, dans ce même monde. Parce qu’on ne le prend pas au sérieux au même niveau, nous ne le craignons plus. Nous n’en sommes plus terrorisés, parce que nous savons que nous ne sommes pas cela. Nous ne sommes pas ses succès, ni ses échecs. Et c’est quand nous avons le pouvoir, à partir de cette perspective que nous embrassons ainsi, d’y faire ce qu’il nous est demandé… comme le dit le slogan : « Que feriez-vous de votre vie, si vous n’avez pas peur de ce qu’en sera le résultat? », parce que quand vous parliez avant de la façon dont le rêve est devenu un cauchemar… L’un d’entre vous avait dit, quand on parlait avant, que ce monde est un rêve et qu’il est devenu un cauchemar. Dans « Un cours en miracles », il est dit que nous ne passons pas du cauchemar à l’éveil. Nous passons du cauchemar à un rêve heureux.

 

Vous savez, en ce moment, il y a 17 000 enfants qui meurent de faim tous les jours « , simplement ce fait. Il y a un milliard de gens sur cette planète qui vivent avec 1 dollar, 1 dollar 25 ou moins par jour. Or, quand nous avons une planète où… Quand nous avons une planète où tout le monde mange à sa faim, où il n’y a au fond aucune souffrance humaine inutile, cela reste un monde de corps et par conséquent, c’est toujours un rêve, mais cela devient un rêve heureux. Et c’est alors que nous pouvons nous éveiller.

 

E. – Oui.

 

M. – Et c’est vraiment très différent de ce que font beaucoup de gens avec leur petit mot affiché dans leur salle de bains : « Je m’aime, je m’aime, je m’aime ». car c’est une pente glissante vers « je n’ai pas besoin de m’engager dans le monde, parce que tout est illusion de toute façon. Ce n’est pas mon karma si un enfant meurt de faim, etc. N’est-ce pas?

 

E. – Oui. Il arrive parfois, lorsque des gens rêvent, qu’ils se rendent compte qu’ils rêvent en plein milieu du rêve. Le rêve peut encore se poursuivre et cela ressemble beaucoup au fait de s’éveiller ici en réalisant que ce qui arrive à sa fin, c’est l’identification à la forme, parce qu’on est enraciné – j’utilise bien sûr une terminologie quelque peu différente d’Un cours en miracles, mais vous savez que c’est la même chose – on est enraciné dans le sans-forme.

 

Quand vous êtes enracinés dans le sans-forme, l’éternel en vous-mêmes qu’on peut appeler l’espace intérieur, la quiétude, la conscience pure, quand vous y êtes enracinés, le monde de la forme, non seulement n’est plus pris aussi sérieusement, comme vous le dites, mais, comme je le précise, il est important, mais il n’est pas absolument important. Il a son importance, mais son importance est relative et non pas absolue. La seule importance absolue est de savoir qui vous êtes en votre essence.

 

Jésus l’a dit avec Marie et Marthe. Marthe était très affairée et soucieuse de tous les préparatifs à accomplir tandis que Marie avait choisi d’écouter Jésus. « Tu as choisi », lui dit-il, « la seule chose qui soit ultimement nécessaire. Tu as choisi cela ». Je ne pense pas qu’il ait dit de ne plus jamais rien faire, ni de ne plus s’occuper de la cuisine, mais de savoir ce qui est primordial.

 

Ce qui est secondaire a alors tendance à se déployer beaucoup plus aisément sans plus créer la souffrance qui survient inévitablement quand on croit que c’est là tout ce qui existe et qu’on le prend pour absolument réel. Tout devient alors on ne peut plus sérieux et important. C’est pourquoi les gens vivent leur vie en ayant tout le temps peur : « Qu’est-ce qui va encore arriver ? » Le monde de la forme est vécu comme une menace, fondamentalement hostile.

 

Et c’est pourquoi l’on s’évertue à réorganiser le monde pour qu’il cesse d’être hostile, mais cela ne marche pas. Quoi que vous fassiez, vous l’éprouvez toujours comme hostile. Vient alors la compréhension que les choses ne se passent pas ainsi et qu’il faut d’abord trouver la paix qui est une part essentielle de qui l’on est au-delà de la forme, qui est tout le temps là, indépendante du temps, et à partir de là on peut traiter les choses du monde, accorder son dû au monde de la forme, même y participer, mais il n’est plus à ce moment-là cette chose cauchemardesque qu’il était précédemment avec la tentative d’en retirer quelque chose, la satisfaction par exemple.

 

Et donc, c’est peut-être ce que veut dire Un cours en miracles, comme vous venez de le mentionner, quand il dit qu’avec le début de l’éveil le rêve devient agréable. C’est toujours le monde de la forme, mais en étant enraciné dans l’être, en tout premier lieu, vous ne créez plus de souffrance pour vous-mêmes – parce que votre mental est habituellement une chose qui crée de la souffrance pour vous – et vous ne créez plus de souffrance pour les autres. C’est une contribution énorme, une contribution qui consiste à ne pas ajouter de la souffrance au monde. C’est une chose énorme ! C’est la première chose qui se produit. Ensuite, c’est la façon dont le monde change. Il se transforme en un rêve plus doux.

 

M. – Dans Un cours en miracles, quand il est question du monde de la forme, il est dit à propos du monde et de la forme illusoire, que ce n’est pas qu’il est mauvais, c’est qu’il n’est rien et que sa sainteté ou son absence de sainteté a à voir avec les buts que lui confère le mental. J’aime ce qui est dit dans le Cours : « Laisse-moi utiliser tes mains, laisse-moi utiliser tes pieds ». Quand on regarde le monde de la forme avec une sorte d’attachement divin, on n’est pas moins investi en ce qui se passe ici. On est investi dans l’amour.

 

J’aime cette phrase : « Sois pleinement investi dans l’effort, mais ne sois pas attaché au résultat ». Et je pense que c’est une question très importante, parce qu’avec une mauvaise compréhension de cela, le chercheur spirituel devient inefficace en empruntant des chemins où il ne souhaite peut-être pas se trouver. Regardez ce qui se passe au Canada. Vous pouvez allumer la télévision : les travailleurs humanitaires du Canada, vous avez des hommes et des femmes qui sont dans le service partout dans le monde où ils accomplissent un travail profond, risquent leur vie. C’est d’une grande portée. Vous ne voulez profondément pas laissez tomber ça. Parce qu’encore une fois, c’est le domaine de la forme et le domaine d’un pouvoir profond.

 

Pour moi, à chaque fois que notre investigation spirituelle ignore de quelque manière que ce soit la souffrance des êtres humains, qu’elle ne prend pas en considération la souffrance inutile des êtres humains… Peut-être y a-t-il alors une petite influence égoïque insidieuse que nous ne voulons pas regarder. Oui, je veux dire que, du point de vue d’Un cours en miracles, tout ce monde est rempli de l’illusion. Le fait que ce corps ci soit séparé de ce corps-là et de ce corps-là. Tout est illusion. Or, cela ne signifie pas que ce monde n’est pas empli d’une réalité profonde qui est l’amour en nous.

 

Donc, pour moi, dans le monde de la forme, qui, certes, n’est rien, quand on m’a demandé si j’aimerais participer à cette rencontre avec Eckhart Tolle, ce qui m’est également apparu comme la bénédiction manifeste d’une conversation personnelle avec vous, ce n’est pas seulement que rien de réel ne se passe ici, il semble profondément réel d’utiliser le monde de la forme en tant que moyen pour enseigner. C’est comme cela que je…

 

E. – Oui, oui, oui, c’est magnifique.

 

L’importance du moment présent… Je vous ai dit tout à l’heure que j’avais copié d’Un cours en miracles, il y a des années, tous les extraits au sujet de l’importance d’être présent. Il est dit par exemple : le moment présent ou l’instant saint, comme il est nommé, est ce qui se rapproche le plus de l’éternité et qu’offre ce monde. L’éternité est bien sûr la dimension intemporelle et non pas le temps qui dure à jamais. Un cours en miracles évoque abondamment l’importance de ce que j’appelle la présence, l’importance du salut vous étant offert en cet instant même. Il est dit que cela a pris du temps pour vous égarer complètement, mais que cela ne requiert aucun temps pour être qui vous êtes.

 

M. – Et le seul endroit où l’éternité croise le temps linéaire, c’est dans le moment présent.

 

E. – Oui, oui.

 

M. – Où vous laissez le monde pour une compréhension profonde.

 

E. – C’est la dimension verticale de la profondeur.

 

M. – Vous savez, à la fois dans la croix chrétienne et dans l’étoile de David, le symbole visuel est cette intersection des dimensions verticales et horizontales et Un cours en miracles dit à propos de Jésus qu’il vivait sur terre, mais qu’il n’avait comme pensées que celles des cieux, ce qui nous ramène à : comment habitez-vous le monde de la forme ? Vos pieds sont fermement ancrés ici, mais vos pensées s’élèvent au-dessus de ce monde de telle façon que les deux se croisent divinement, harmonieusement et magnifiquement.

 

E. – Oui, oui.

 

Donc, après la causerie que j’ai écoutée en 86, cette causerie que vous aviez donnée, je n’ai plus entendu parler pendant quelques années, sauf que je suis venu à une causerie que vous aviez donnée, parce que j’avais tellement aimé cette causerie enregistrée. L’année suivante, vous êtes venue à Londres et vous avez donné une conférence au Mind Body Spirit festival et j’y suis allé. Je l’ai beaucoup appréciée.

 

M. – Merci.

 

E. – Vous ne m’avez pas vu, mais moi, je vous ai vue.

 

M. – Peut-être que je vous ai vu.

 

E. – Après cela, je n’ai plus entendu parler de Marianne Williamson pendant quelques années. Je ne sais pas combien d’années se sont écoulées. J’avais quitté Londres pour m’installer à Summerset en Angleterre et un dimanche, dans le journal du dimanche, Marianne Williamson se trouvait dans les gros titres. Je me suis demandé ce que c’était, ce qu’elle avait fait. . . . Est-ce que vous vous rappelez quand vous avez été soudainement connue dans le monde ? Je pense que cela avait à voir avec Elisabeth Taylor.

 

M. – Oh, je croyais que vous alliez dire « mon premier livre ».

 

E. Cela n’aurait pas été sur la première page des nouvelles du monde.

 

M. – Oh, je me rappelle de ça dans le « London Time » avec ma photo en petit.

 

E. – Non, le livre est sorti peu après. Ce premier livre, c’était « Un retour à l’amour ». C’est un livre magnifique que, j’en suis sûr, beaucoup d’entre vous ont lu et il a aidé et continue d’aider des millions de gens.

 

M. – Merci.

 

E. – Il y a eu beaucoup d’autres livres ensuite et le plus récent que je n’ai pas encore lu. J’ai été très étonné…

 

M. – Vous n’avez pas besoin de le lire, parce qu’il pourrait avoir sur vous un effet qu’on ne vous souhaiterait pas. Il parle de la perte de poids.

 

E. – C’est juste.

 

M. – Vous n’en avez pas besoin.

 

M. – Non, ne le lisez pas!

 

E. – Je vais disparaître, ce qui pourrait être une bonne chose

 

M. –

 

E. – C’est donc un livre concernant les aspects spirituel de la perte de poids.

 

M. – Et c’est en soi un prolongement de la conversation que nous venons d’avoir. L’épidémie… Je ne sais pas combien le Canada l’éprouve, mais certainement ici aux Etats-Unis, nous avons un problème très sérieux. Et cela provient bien sûr exactement de la pensée, comme le dit Un cours en miracles, que nous avons beaucoup de problèmes différents alors qu’en réalité, nous n’en avons qu’un et c’est notre séparation d’avec Dieu. C’est la Réponse, avec un R majuscule, quelle que soit la forme. Quand nous nous identifions trop au corps, les pensées denses que nous entretenons à son sujet sont en fait une perception erronée du corps, ce qui produit la maladie et le dysfonctionnement reliés au corps. Et c’est quand nous voyons le corps comme un simple contenant de la lumière, en se le rappelant en conscience, que Nous permettons aux cellules elles-mêmes de se reconnecter avec leur intelligence innée.

 

E. – Oui, c’est magnifique.

 

M. – Il y a donc des cellules dans notre corps qui savent comment faire respirer les poumons et battre le coeur. Et cette même perfection – parce que nous sommes une idée parfaite dans l’esprit de Dieu – cette empreinte parfaite est exprimée dans tous les aspects de nous-mêmes, mais pour les gens qui ont à composer avec une compulsion très sévère ou même une addiction en rapport avec le poids physique, c’est comme un interrupteur qui se serait mis en position arrêt.

 

Et comme le dit Un cours en miracles, Nous sommes temporairement inaccessibles au pouvoir de l’expiation dans ce domaine où les appétits parfaits, idéaux ne sont plus opérationnels. Les cellules du système nerveux, les cellules du cerveau ont été littéralement assommées et séparées de leur connaissance innée. Donc, la connaissance de tout ce dont vous avez parlé est la réponse, quel que soit le problème. Atteindre ce pur état de conscience dont vous avez parlé dégage littéralement le corps de la pression et lui donne l’occasion de se guérir. Le cours en miracles dit que le corps se guérit quand nous ne nous en soucions pas et que toute maladie ou tout dysfonctionnement du corps provient d’une identification extrême au corps.

 

Donc, ce livre, « 21 leçons spirituelles pour maigrir sans régime » prend en compte cette investigation spirituelle pour l’appliquer spécifiquement aux problèmes de son corps et du poids.

 

E. – Et il peut aussi bien sûr s’appliquer à d’autres formes d’addiction.

 

M. – Absolument, c’est juste. Il me semble justement, quant aux drogues et à l’alcool, que cela fait partie du thème principal, que la personne participe ou non au programme en 12 étapes. Cela fait partie de la compréhension fondamentale qu’il s’agit d’une maladie spirituelle qui requiert une solution spirituelle. Je veux dire que ça fait en quelque sorte partie du jargon culturel concernant les 12 étapes.

 

Et même s’il existe les mangeurs compulsifs anonymes, ce qui est un bon programme, il ne me semble pas que la question du problème spirituel et de la réponse spirituelle soit vraiment présente dans le discours courant concernant le poids. On a plutôt tendance à rester au niveau des effets avec les régimes et l’exercice. Et il peut y avoir de bons régimes et des programmes d’exercices qui marchent absolument bien. Le problème plus profond est notre incapacité à maintenir le régime ou qu’il est parfois très dur pour certaines personnes. Le régime et les exercices ont marché, mais après un certain temps, la force subconsciente de l’addiction compulsionnelle refait surface.

 

Donc, il n’y a qu’une vérité, exprimée de nombreuses façons différentes. Je pense que c’est quelque chose que nous ne savons toujours pas encore vraiment maintenant., Vous savez ce chemin vers les 51% et vous y contribuez grandement… vous savez, le cours en miracles dit que l’illumination débute par une construction intellectuelle abstraite et le voyage se fait sans distance de la tête au coeur. Pour un revirement, je pense que nous sommes assez nombreux à l’avoir compris intellectuellement. Nous avons lu les mêmes livres maintenant. Nous avons tous écouté les mêmes bandes. Donc, d’une certaine façon – et vous en êtes un exemple parfait, les gens ne viennent pas vraiment ici pour entendre quelque chose qu’ils ne savent pas déjà. Ils sont ici pour accéder plus profondément à ces choses que nous connaissons déjà. Je pense qu’on en a fini avec l’erreur de l’accumulation des données.

 

E. – C’est une belle formule. Il faut que je m’en souvienne pour vous citer.

 

M. : Et je pense que vous êtes l’un des quelques rares sur la planète. On reçoit plus que de l’information. On reçoit une transmission en vous écoutant et c’est véritablement un honneur…

 

E. – Merci.

 

M. – …d’être en votre présence et d’apprendre de vous, merci !

 

E. – Merci.

 

J’aimerais vous poser une question, avoir votre point de vue sur cette question qui m’est posée souvent et je vais vous dire ma propre perception. Je sais que vous avez beaucoup soutenu le président Obama pendant les élections. Et les gens me demandent souvent : « Comment est-ce que vous ressentez Obama maintenant ? » Et je dois dire encore que l’état de conscience sous-jacent qu’il représente est énormément plus éveillé que ce qui l’a précédé et que ce qui l’entoure. Cela s’applique toujours. J’ai toujours le sentiment qu’il y a un état de conscience sous-jacent qui est plus évolué que ce que nous avons vu avant et que ce qui est dans son entourage. Au niveau de la forme, cela ne veut pas dire qu’il ne fait pas d’erreurs. Dès le début, je me suis demandé pourquoi il ne pouvait pas voir que cela ne marcherait pas en Afghanistan, mais j’espère avoir tort. Comment voyez-vous cela après quelques années, lui-même par rapport au pays en général et le monde en général ? Quelle est sa fonction ? Est-il entraîné vers le bas ou peut-il toujours rester conscient, d’après vous, en ayant à composer avec ces forces inconscientes ?

 

M. – Je ne veux pas avoir une relation de co-dépendance avec Barack Obama. Je ne veux pas toujours baser mes points de vue sur quel est son potentiel. Il est responsable de ses actes. J’ai soutenu le président avec passion et compte tenu de la façon dont son administration s’est développée, j’en suis venu à croire qu’on ne peut simplement pas être de toutes les batailles. Et aux Etats-Unis, les partis démocrates et républicains ont verrouillé le discours. Et dans cette conversation, je me suis mise à douter de la possibilité que survienne ou non la sorte de transformation profonde à laquelle nous avons cru, à laquelle le président avait cru pendant la campagne. Je suis déçue. En tant que femme – je pense que cela fait partie de ce que nous apprenons dans les relations et à un certain point, ce que l’on fait est ce qui importe. Maintenant, ce que vous dites, et ce que je pense que dans votre coeur vous croyez vraiment. C’est un adulte.

 

E. – Oui. Bien sûr, votre expression  » Les partis démocrates et républicains ont verrouillé le discours ».

 

M. – « Les partis démocrates et républicains ont verrouillé le discours ». Et pour revenir à ce que nous disions tout à l’heure concernant l’état de l’humanité, partout, non pas seulement aux Etats-Unis, mais le monde occidental et le monde entier dans une certaine mesure, vous voyez partout surgir un nouveau discours. Vous le voyez dans l’éducation, vous le voyez dans l’art, vous le voyez dans la politique, vous le voyez en spiritualité.

 

En politique, c’est un vieux discours. Il ne permet pas l’émergence de cette renaissance spirituelle qui essaie de se produire. Et c’est trop puissant, cette partie de notre expression collective du pouvoir, pour être ignoré et, par conséquent, pour moi en tant qu’américaine qui regarde cette dernière élection – ce n’était pas la toute dernière, mais avant que les démocrates aient la Maison Blanche, le sénat… La façon dont je le vois, je suis d’une génération qui se rappelle toujours une force morale plus grande au coeur du parti démocrate aux Etats-Unis. Je me rappelle Bob Kennedy, Martin Luther King.

 

Et la façon dont je le vois, nous vivons maintenant à une époque où l’un des partis politiques majeurs aux Etats-Unis voit la quantité désespérante de la souffrance humaine sur la planète et ils disent : « Eh bien, c’est vraiment triste, mais il n’appartient pas au gouvernement de s’en occuper et si le privé s’en charge, c’est très bien. L’autre parti politique majeur, auquel j’ai cru en grandissant, s’adressant ainsi à la souffrance, la souffrance des opprimés. L’oppression, l’injustice que tant de gens subissent comme étant le coeur de sa raison d’être. Maintenant, au moins dans son schéma comportemental courant, il est devenu un parti qui regarde toute cette souffrance, fait ce qu’il peut pour améliorer les choses en surface, mais pour être honnête, il ne s’occupe pas fondamentalement des causes sous-jacentes qui rendent inévitable toute cette souffrance.

 

Je ne sais pas comment marche le système canadien, mais aux Etats-Unis, vous savez, notre premier président, George Washington, nous avait mis en garde concernant les partis politiques. Il n’y a rien là dans la constitution. Donc, aux Etats-Unis, l’implication des tiers partis a été extrêmement importante. L’abolition est venue du parti abolitionniste ; le droit de vote pour les femmes est venu du parti du droit de suffrage ; la sécurité sociale est venue du parti socialiste.

 

C’est comme ils disent chez les Alcooliques Anonymes, ça concerne les principes pas les personnalités. Je me moque de comment cette personnalité est cool. Quelque chose est pourrie et n’a pas été réglé. Je suis une mère et je me sens très inquiète pour la planète, mon pays et tous nos petits-enfants pour être disposée à agir patiemment. La patience pourrait ne pas être la vertu qui soit demandée ici.

 

E. – Il y a donc une nouvelle conscience qui émerge, mais certaines structures qui ont été en place depuis longtemps, créées par l’ego collectif, ne peuvent peut-être pas suffisamment être atteintes par la nouvelle conscience qui émerge pour que le changement puisse se produire. Et cela peut s’appliquer aussi à de nombreuses structures économiques, les banques et autres.

 

M. – Absolument. Et c’est là où nous en sommes maintenant. On ne met pas le vin nouveau dans des vieilles bouteilles.

 

E. – C’est exact.

 

M. – La forme n’a jamais été censée être permanente.

 

E. – Oh non et surtout à notre époque où il y a un pouvoir énorme derrière l’émergence de la nouvelle conscience. Nous avons déjà vu la façon dont la structure monolithique du communisme soviétique s’est effondrée. Elle était si rigide que rien de nouveau ne pouvait l’atteindre. Nous sommes destinés à voir l’effondrement ultime de ces structures dans cette période de transformation sur la planète. Ces structures qui ne peuvent pas être atteintes ne peuvent pas survivre.

 

M. – Et cela nous ramène à la question de la souffrance humaine. Vous avez raison, elles s’effondreront, mais vont-elles chuter à travers une sollicitude douce et a des soins attentionnés ou dans le chaos et, et des dégâts qui ne sont peut-être jamais encore produits, parce que le nouveau n’a pas été mis au monde plus consciemment. Cela me semble être le discours approprié et chaque individu doit se demander : « Quel rôle est-ce que je joue ? », de façon à la fois conceptuelle et comportementale.

 

E. – Oui, oui, oui.

 

Venons-en un peu à votre propre voyage d’évolution. Un cours en miracles a été une transformation décisive pour vous quand vous l’avez découvert. Pour la plupart des gens, l’éveil est un processus, le processus d’éveil comme je l’appelle, et cela s’est déroulé ainsi pour vous depuis que vous avez découvert le cours, il y a trente ans. Comment ressentez-vous votre processus présent d’évolution ? Y a-t-il de plus en plus de paix dans votre vie ?

 

M. – J’ai eu cette question qui était pour moi comme un repère sur le chemin et je pense que vous y avez répondu pour moi aujourd’hui. Je me sens donc très reconnaissante. Merci.

 

E. – Bien, bien, merci. Marianne donne un cours hebdomadaire si des gens se trouvent à Los Angeles, où ?

 

M. – À un endroit appelé le Regent Theatre en ce moment. Il se peut qu’on change d’endroit et il est mieux de vérifier sur mon site : http://www.marianne.com pour avoir les informations

 

E. – Un cours hebdomadaire, et vous parlez d’une leçon d’un cours en miracles, de la façon de l’appliquer ?

 

M. – Ou certaines situations de la vie avec le but, comme vous le faites Eckhart, d’écouter du mieux que je peux et de voir ensuite.

 

E. – Et je vais lire votre livre quoi qu’il en soit, perte de poids ou non.

 

M. – Merci. Simplement, ne faites pas les leçons, OK ?

 

E. – Peut-être que vous ne devriez pas les faire non plus !

 

M. – Oh, je les ai faites, c’était en quelque sorte le but !

 

E. – Marianne semble ne pas avoir d’âge. Je me rappelle avoir vu des photos d’elle il y a vingt ans et elle est restée exactement la même.

 

M. – Eh bien, mes vêtements le recouvrent !

 

E. – Ça a été magnifique de vous rencontrer. Vous avez donné accès au cours à énormément de gens qui n’auraient peut-être pas autrement été ouverts. Et je suis sûr que beaucoup d’autres ont reçu l’enseignement par vous plutôt que par le cours, parce que d’une certaine manière, vous l’avez traduit pour le rendre plus accessible aux gens.

 

M. – Je suis comme ce professeur de littérature russe, je ne suis pas Dostoïevski. Je regardais mon livre, « Un retour à l’amour », je le vois comme des fiches de lecture sur le Cours en miracles, mais évidemment, on n’assiste pas seulement au cours de russe, on lit le prix Nobel russe.

 

E. Pendant deux ou trois ans, j’ai également utilisé Un cours en miracles comme support de l’enseignement lors de petits séminaires et ateliers. Je l’aime toujours. Je l’ai repris hier soir, parce que je savais que nous allions nous rencontrer aujourd’hui. Il est toujours nouveau et chaque phrase est inspirante. Il n’est pas pour tout le monde, comme vous le savez et comme le cours le dit lui-même.

 

M. – Il ne pretend pas l’être.

 

E. – Non, il est seulement l’une des versions du curriculum universel, ce qui appartient au langage du cours. Le curriculum universel est le chemin d’évolution pour tous les êtres humains, c’est la même chose. Il y a diverses versions de ce chemin est Un cours en miracles en est une. S’il est pour vous, vous le saurez, probablement en le parcourant. Et s’il ne l’est pas, c’est OK.

 

M. – Je pense que c’est si beau: l’une des façons qui vous permets de dire qu’une chose est Vraie, avec un V majuscule, c’est de voir si elle concorde avec toute autre chose que vous savez être vraie. C’est ce qui est si beau concernant les facettes multiples du curriculum universel.

 

E. – Oui. C’est merveilleux d’être capable de reconnaître la vérité, la vérité essentielle, quelle que soit la forme sous laquelle elle apparaisse. Je ne pouvais le faire jusqu’à ce que cette transformation intérieure se produise en moi. Avant cela, je ne pouvais voir que les différences entre les divers enseignements. Ils semblaient si différents : le christianisme, le bouddhisme, l’hindouisme et les autres. Je n’étais pas capable de voir qu’ils étaient tous un et après l’éveil que j’ai vécu…

 

Je me rappelle encore être tombé sur un vieil exemplaire du Nouveau-Testament chez ma mère à qui je rendais visite. Les témoins de Jehova le lui avaient donné bien qu’elle n’en voulait pas, mais il était finalement là pour moi. Je l’ai donc pris et j’ai tout d’un coup vu la vérité plus profonde exprimée là parfois d’une façon déformée. Je voyais le pouvoir derrière l’enseignement et la vérité plus profonde vers laquelle il pointait. Un peu plus tard, j’ai trouvé la Bhagavad Gita et j’ai fait la même expérience.

 

Tous pointent vers la même vérité fondamentale. Il y a une reconnaissance intérieure qui dit « oui, oui ». Quoi qu’il soit écrit, vous le savez déjà, même si vous pouvez ne pas être capables de le formuler. Vous en voyez alors le reflet. C’est la même chose en écoutant un enseignant qui s’exprime à partir de cet endroit profond de réalisation. J’aime toujours écouter d’autres enseignants spirituels quand l’enseignement provient véritablement de cet endroit profond, parce que c’est une grande joie d’entendre la même vérité sous une forme quelque peu différente.

 

M. – Des thèmes spirituels universels… Je donnais une conférence à New York avec le professeur Robert Thurman qui est vraiment le bouddhiste nord-américain le plus éminent, une conférence sur le Bouddha et le Christ de la perspective d’Un cours en miracles. Il devait parler du Bouddha et je devais parler du Christ dans le contexte du Cours en Miracle. Il a parlé d’abord et l’on m’a dit : « OK, Marianne, parle-nous maintenant du Christ ». J’ai répondu : « Ce que j’ai à dire, c’est tout ce qu’il vient de dire ».

 

En fait, cela a été appelé le vedanta chrétien par l’homme qui la décrit, Bede Griffiths. Il disait cela du « Cours en Miracles ».

 

E. – Oh, le vedanta chrétien, c’est intéressant.

 

M. – Donc, ils sont tous un.

 

E. – Oui, et une autre forme de l’enseignement chrétien, non pas l’enseignement chrétien conventionnel. Connaissez-vous Joel Goldsmith ?

 

M. – Bien sûr, Joel Goldsmith, et je pense que beaucoup de ce qu’a écrit Elaine Pagels concernant les manuscrits de Nag Hammadi et les évangiles gnostiques, il y a de plus en plus la compréhension qu’un cours en miracles appartient à une catégorie plus large de la tradition chrétienne mystique gnostique. C’est quelque part intéressant, parce que vous regardez Un cours en miracles et vous regardez ensuite beaucoup d’interprétations chrétiennes traditionnelles et vous voyez que c’est la même chose à 80%. C’est énorme.

 

E. – Pour moi, Joel Goldsmith est en fait une version chrétienne de ce qui est appelé en Inde l’Advaïta et qui signifie la non-dualité. Il utilise la terminologie chrétienne pour pointer vers la non-dualité absolue de la vie. L’enseignement de l’Advaïta est devenu très populaire en Occident les dernières années : il n’y a que l’Un, il n’y a que Dieu, l’unité de toute vie. Dans une certaine mesure, Un cours en miracles pointe continuellement vers l’unité.

 

M. – Oui, c’est sûr, parce que rien d’autre n’existe. Dieu est tout et ce qui est tout et ce qui englobe tout ne peut pas avoir d’opposé. Donc, lorsque nous pensons sans amour, lequel est Dieu, nous ne pensons pas en réalité, nous avons des hallucinations. Une fois encore, c’est le bouddhisme : tout est Maya, tout est illusion.

 

E. – Le gros obstacle commun pour les gens – je l’ai vu chez les gens qui sont attirés par l’Advaïta, la non-dualité indienne, ils se mettent à croire que la croyance en la non-dualité est la réalisation de la non-dualité et ils s’arrêtent là. Il y a donc des gens qui enseignent l’Advaïta – certains sont même devenus célèbres – à partir du niveau intellectuel. Ils ont maîtrisé la terminologie de la non-dualité et ils peuvent répondre à toute question en appliquant la terminologie de la non-dualité. Et cela a l’air très convainquant.

 

M. –Mais ça ne s’est pas écoulé de la tête vers le bas . Ils sont toujours réactifs quand leur mère les appelle!

 

E. Exactement ! Très bon ! Il y a un bon critère que vous pouvez avoir : vous ne vous sentez pas bien ici à l’intérieur après avoir écouté. Quelque chose ici vous dit que cela n’est pas ça. Vous pouvez le ressentir ici. Il y a des enseignants de l’Advaïta qui l’ont réalisé et c’est alors un enseignement véritable. Or, si ce n’est qu’une réalisation intellectuelle, c’est fondamentalement une illusion.

 

M. – Vous avez réussi le test.

 

Merci !

 

E. – Merci Marianne. Peut-être un petit moment de silence.



25/04/2014
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