Eckhart Tolle "Faire face à l’adversité"

J’espère que personne ici n’est pressé de commencer. Nous avons beaucoup de temps ou plutôt, Il y a en vous l’infinitude du moment présent.

Bienvenue,

 

Le silence est ce qui est le plus important à sentir en vous maintenant et tout le reste, ce ne sont que les choses qui se passent. Et les choses qui se passent ne sont plus aussi problématiques que ça ! Elles ne sont problématiques que quand il n’y a que ces choses, quand vous n’êtes conscient de rien d’autre. Donc, l’essence même de cette réunion, l’essence même de votre vie se trouve déjà ici, maintenant. Vous n’avez pas besoin d’une heure d’explications préliminaires, ni de concepts, ni de théories à ajouter dans votre mental. Donc, nous pourrions dire que notre essence même, alors que nous sommes ici, c’est être conscient de cette profondeur que nous appelons parfois « le silence », que nous pouvons appeler encore autrement, l’espace, la dimension spirituelle, l’inconditionné, la présence, etc.

 

Et la grande majorité des gens sur la planète n’ont pas encore cela. Un nombre croissant de gens découvrent cette dimension en eux-mêmes, mais bien sûr il y a encore du chemin à faire avant que la majorité, dans une certaine mesure, soit consciente de cette dimension spirituelle. Et il est vrai que pour la plupart, la manière dont ils en deviennent conscients, c’est à travers l’adversité. Pas vous, parce que vous avez probablement déjà rencontré votre adversité, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne se remanifestera plus, mais si cela arrive, ça ne sera pas aussi difficile, parce que vous avez l’espace à l’arrière-plan et vous pouvez y faire face. Elle n’occupe plus la globalité de qui vous êtes.

 

J’évoque l’adversité. Cela m’est venu hier soir en écoutant les informations. Il y a des périodes, comme en ce moment, où il y a une adversité collective dans des parties du monde, dans beaucoup de parties différentes du monde, et cela se passe donc maintenant, ça va se poursuivre. Cela veut seulement dire qu’un grand nombre de personnes dans une région particulière, dans un endroit particulier, endurent des choses qui, en d’autres temps, ne seraient que de l’adversité personnelle. Là, vous avez un grand nombre de personnes qui endurent ensemble l’adversité.

 

L’adversité enlève quelque chose à votre vie. Elle ébranle l’ordre dans votre vie. Il y a la perte ou la mort. Pour beaucoup de gens, des choses qui constituaient la base de leur vie sont emportées d’un seul coup. C’est douloureux. Mais c’est aussi la possibilité de vous rendre compte qu’il y a une base pour votre vie beaucoup plus réelle dont vous n’étiez pas conscient. Ce que vous aviez considéré comme étant la fondation de votre vie a toujours été instable, incertain et impermanent, mais simplement, vous ne le saviez pas. Donc, si vous êtes resté assis sur une chaise complètement bancale, par exemple, sans savoir qu’elle pouvait s’effondrer à chaque instant et qui a fini par s’effondrer…cela peut s’effondrer à tout moment. Vous comprenez alors que tout ce avec quoi vous vous êtes identifié, que vous avez considéré comme la base de votre vie ne vous servait pas en réalité comme base. Ce n’était pas une vraie base, pas une vraie fondation pour votre vie, incluant les structures physiques, votre travail et toutes les choses qui vous procurent un sentiment de sécurité, incluant les fonds de pension. Même ces choses peuvent ne plus perdurer – les investissements. Tout semble si sûr un jour et le jour suivant, vous découvrez en lisant les journaux qu’il n’y avait là aucune sécurité.

 

Ou une structure physique : une maison, elle semble si solide. Ce n’est pas si solide que ça. Juste un peu de mouvements et il n’y en a plus. Et bien sûr, vous voyez que votre vie, votre soi-disant vie s’écroule. Et c’est douloureux. Et nous ne nions pas que c’est douloureux, c’est douloureux ! Mais c’est une possibilité pour les gens d’aller plus en profondeur et de découvrir une fondation, quelque chose que nous pourrions appeler le vrai sentiment de sécurité. Cela n’a rien à voir avec les apparences dans votre vie. Et, Pour être conduits à cet endroit, il semble qu’il soit nécessaire pour beaucoup de gens de rencontrer l’adversité sous la forme de la perte. Ils n’y vont pas volontairement. Et ce n’est pas tout le monde qui ira là, même en subissant l’adversité.

 

Certains sont piégés dans un positionnement réactionnel et sont, ou très en colère « c’est injuste, ça n’aurait pas dû m’arriver », ou profondément découragés « je n’en sortirai plus ! », ou prêts à pleurer pendant les cinq prochaines années. Vous êtes pris dans un positionnement réactionnel. Ainsi, vous êtes même coincé plus profondément dans un schéma rigide.

 

Or, cela représente une possibilité d’aller plus profond et d’arrêter de chercher à vous identifier avec toute forme dans votre vie et soudainement, quelque chose émerge intérieurement du plus profond qui est paisible. Vous ne pouvez pas le nommer. Vous avez tout à coup touché quelque chose dont vous aviez ignoré l’existence en vous. Je l’appelle parfois le sans-forme ; je l’appelle l’esprit, parce que l’esprit est le sans-forme. Instantanément, vous avez la paix qui dépasse toute compréhension, parce que vous ne pouvez pas l’expliquer – bien que j’essaie de l’expliquer. Mais c’est difficile !

 

Or, cette dimension à laquelle certaines personnes ont besoin d’être amenées par le biais de l’adversité, est déjà présente ici, à cet instant. Donc, au lieu d’y être traînés, alors que nous sommes rassemblés ici, Nous y allons volontairement. En fait, nous n’allons nulle part, mais nous nous ouvrons volontairement à cette dimension. C’est une mort volontaire, la mort du faux soi qui a tiré le sentiment de son identité de toutes sortes de choses, principalement des structures mentales, des choses qui deviennent des pensées avec lesquelles vous vous identifiez.

 

Quand cet édifice, fabriqué à partir des structures mentales, des choses… – comme je l’ai dit, vous ne connaissez pas directement les choses dans votre vie, le monde extérieur. Il devient une forme mentale. Avant que vous puissiez vous identifier avec votre voiture, la voiture doit être une forme mentale, un concept mental, parce que vous ne savez pas ce qui est là-bas. Vous devez dire « ma BMW ». Avant, ça n’est rien du tout, juste du métal ou je ne sais quoi. Mais elle devient une forme-pensée qui est conférée à soi. Soudain, elle fait partie de votre sentiment de qui vous êtes. Voilà comment ça marche.

 

Et c’est seulement quand la BMW est endommagée… – ça pourrait être autre chose – vous savez alors s’il y avait identification. C’est facile de dire : « Je ne m’identifie pas avec ça. J’ai simplement achetée cette voiture, disons de $100000, mais je ne suis pas du tout identifié ». OK, c’est possible, mais vous ne saurez pas si c’est vrai jusqu’à ce que la voiture soit endommagée et tel est l’utilisation de l’adversité. Si elle subit des dommages, vous saurez si vous êtes ou non identifié. Quelqu’un l’endommage par accident. Donc le test arrive souvent… – Le test vous dit où vous en êtes – Pour autant que votre faux sentiment de soi demeure concerné, le test vient souvent dans l’adversité.

 

Une autre forme d’adversité – bien sûr, ça n’est pas un tremblement de terre, mais c’est une forme d’adversité plus ordinaire : rencontrer des gens difficiles, des gens. Si vous regardez votre vie, vous pouvez voir que des gens sont une cause importante de l’adversité. En comparaison, les tremblements de terre sont relativement rares. Ne serait-ce qu’une forme plus légère d’adversité, elle est tout le temps là. Les tremblements de terre, c’est une ou deux fois dans la vie et même pas du tout pour la plupart des gens. Mais pour tout le monde, l’adversité qui implique d’autres gens est là tout le temps. Ils ne peuvent pas s’en débarrasser. Et si vous pouvez en finir avec certains, d’autres personnes se présentent dans votre vie et après un certain laps de temps, ils jouent le même rôle : ils deviennent une source d’adversité.

 

La raison en est bien sûr que les gens s’identifient au sentiment faux de leur entité égoïque de surface. Ce n’est pas là l’essence de qui ils sont, mais ils ne connaissent pas l’essence de qui ils sont et c’est pourquoi ils deviennent une source d’ennuis pour eux-mêmes et pour les autres. C’est la vie normale. Si vous ne savez pas qui vous êtes, vous devenez un perturbateur, d’abord envers vous-même. Vous vous gênez vous-même. La nuit, pendant la journée, où que vous alliez, vous êtes perturbé. Et vous devenez ensuite une source de problèmes pour les autres. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. C’est l’existence normale. C’est tout ce qu’on voit au cinéma.

 

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que vous ne connaissez pas l’essence de qui vous êtes. Donc, la source de l’adversité n’est, pour beaucoup d’autres gens… – je suis sûr que vous pouvez penser à certains dans votre vie – peut-être plus. Tout est peut-être dans le passé. Peut-être avez-vous déjà transcendé tout ça. Ça me fait penser à une histoire. Je ne sais pas si je vais bien me la rappeler. Le pasteur dit aux fidèles : « Pardonnons tous à nos ennemis. Ok, faisons-le maintenant ! » et il demande : « Reste-t-il quelqu’un qui n’a pas pardonné à ses ennemis ? ». Et une très vieille dame lève la main. « Comment cela se fait-il ? Pourquoi n’avez-vous pas pardonné ? » « Je n’ai pas d’ennemis », dit-elle. « Oh, c’est merveilleux. Venez ici, s’il vous plaît, et parlez-nous ». Et voici cette vieille dame ici qui dit ne pas avoir d’ennemis. « Comment est-ce possible », demande le pasteur », « que vous n’ayez pas d’ennemis ? Comment avez-vous fait ça ? » Et elle de répondre : « J’ai survécu à toutes les garces ». Et bien sûr, ça n’est pas la transcendance.

 

Il est bien sûr très facile de se duper soi-même, quant à sa réalisation spirituelle, mais si vous avez des doutes, la manière dont vous répondez à l’adversité dans votre vie est un bon test. Cela vous donne une indication concernant votre niveau de conscience ou votre état de conscience. Et vous n’avez pas à attendre un tremblement de terre pour savoir où vous en êtes, parce que c’est rare, mais comme je viens de le suggérer, regardez les autres et dans quelle mesure ils représentent une cause d’adversité dans votre vie. Et cela comprend les relations. Dans quelle mesure êtes-vous en conflit dans votre vie, conflit avec autrui ? Il n’est pas question de vous juger. Simplement, regardez. Quel est le degré de réaction dans votre vie face à la conduite totalement déraisonnable de ces gens ? Comment réagissez-vous quand quelque chose ne va pas, quand quelqu’un ne fait pas ce qu’il est censé faire ? « Comment osent-ils dire pareille chose ? » Ou dans une simple discussion : vous savez la vérité et eux non.

 

Ou examinez votre vie et voyez… les conflits ! Si par exemple, vous avez toujours raison et si tous ces autres gens dans différents domaines de votre vie ont toujours tort, Il y a quelque chose à remarquer :. . . . Comment cela se fait-il que j’ai toujours raison ? Selon ma vision ! Et tous ces gens dans ma vie personnelle et dans ma vie professionnelle… Où que j’aille… Dans n’importe quel domaine de ma vie… Ils ont tout le temps tort. N’est-ce pas remarquable ? J’ai toujours raison ! Le soupçon pourrait alors s’éveiller un peu dans votre esprit. Il y a quelque chose qui cloche ici, parce que vous avez toujours raison. Est-ce possible pour un être humain d’avoir toujours raison ? Je dois être un être supérieur, parce que…

 

Ou vous pouvez noter que vous représentez un certain point de vue quand vous traitez des choses et interagissez avec des gens. Vous représentez un point de vue et l’autre personne représente un autre point de vue. « Ah ! » Il y a un peu plus de conscience ici. Vous n’avez plus raison et l’autre personne n’a pas nécessairement raison non plus. Il y a plusieurs façons de regarder les choses. Plus de conscience et pourquoi plus de conscience arrive ? Parce que vous n’êtes plus complètement identifié aux pensées qui surgissent dans votre mental. Toute opinion, tout point de vue est une pensée. Si vous êtes complètement identifié à la pensée, vous êtes piégé dans la pensée ou vous êtes… On pourrait le dire autrement : on pourrait dire que vous êtes possédé par la pensée. Vous n’avez pas la pensée, vous n’avez pas une opinion, la pensée, l’opinion vous a. mais vous ne le savez pas. Et cela s’appelle « inconscience ». Et c’est pourquoi vous avez toujours raison.

 

Et quand vous voyez qu’en fait, vous n’aviez pas des opinions, que vous étiez possédé par vos opinions et points de vue – et c’est pourquoi vous pensiez avoir toujours raison – quand tout à coup vous le voyez, le fait de le voir survient à travers une conscience accrue. C’est la conscience inconditionnée qui peut voir ce qui se trouve dans le conditionné. La présence, la lumière de la conscience. Et vous pouvez tout à coup le voir. Cela fait partie de l’éveil. Et de nouveau, voilà comment l’adversité – dans ce cas, les conflits avec les autres – peut occasionner un éveil quand tout à coup, vous vous mettez à vous examiner de près, ainsi que vos relations avec les autres, les conflits avec les autres. On pourrait généralement dire que plus vous êtes en conflit avec les autres, soit dans votre vie personnelle, soit dans votre vie professionnelle, plus vous êtes en conflit avec les autres et plus vous êtes inconscient. C’est une règle générale qui s’applique communément. C’est habituellement le cas. C’est un bon moyen de vérification – Le degré de conflit dans votre vie.

 

Il y a un magnifique dicton dans « Un cours en miracles ». Excusez, en passant, l’emploi du masculin dans Le cours en miracles, une expression démodée. Quand il y a « il », vous devez ajouter « elle ». Vous devez utiliser des mots d’emprunts pour les imperfections dans la forme. « Nul qui est en accord avec lui-même ne peut même concevoir le conflit ». C’est tout à fait pertinent, c’est dans « Un cours en miracles » : « Nul qui est en accord avec lui-même ne peut même concevoir le conflit ». En d’autres termes, les situations – il y a toujours les situations bien entendu – les situations ne se transforment plus en conflit. Il y a simplement des situations à traiter. Le conflit signifie que vous êtes piégé dans un schéma mental réactionnel. Une simple situation devient alors un conflit.

 

Donc, cela veut dire que ces êtres humains dans votre vie qui suscitent pour vous de l’adversité sont en réalité très utiles, parce qu’ils peuvent vous parler de vous. Il est donc question d’être en fait reconnaissant à toutes ces garces… et reconnaissant aux – c’est quoi le masculin ? – aux pauvres types. Et bien sûr, le monde est rempli de garces et de pauvres types, parce qu’ils ne savent pas qui ils sont. Ils jouent alors leur rôle de garce et de pauvre type. Ce n’est pas qui ils sont. Mais ils s’expriment à partir d’un faux sentiment de soi, obligés d’entretenir ce faux sentiment de soi, de le renforcer jusqu’à ce qu’un tremblement de terre se produise… peut-être, ou que tout autre chose leur arrive. Il peut se passer quelque chose.

 

Il y a alors une possibilité : la coquille épaisse du soi égoïque se fêle. Quelque chose tombe dessus. Au début, c’est douloureux. Mais il y a cette fissure qui s’est faite brusquement. Il y a une fissure en toute chose et c’est par là que la lumière passe.

 

L’adversité

Beaucoup d’humains sont nés déjà dans l’adversité, presque tout le monde à des degrés variables, parce qu’on naît dans une situation particulière qui présente certaines limitations quant à la pleine expression de sa forme de vie. Cette forme de vie veut en venir à la pleine expression d’elle-même. Vous vous le rappelez ou non, je parle parfois des deux mouvements, les deux mouvements universels :

 

L’un est le mouvement dans la forme, l’univers veut s’expérimenter lui-même en tant que forme, que forme de vie. C’est pourquoi il crée… – Comment est-ce que je sais ça ? Eh bien, regardez simplement autour de vous ! Ou regardez les étoiles ! Et vous voyez alors que l’univers crée continuellement des formes. Et les formes sont toutes… – Que ce soit cette forme ici, cette forme-là ou cette autre forme-ci elle est si belle. Elle semble presque irréelle, mais elle est réelle, presque trop parfaite, jusqu’à ce que vous y regardiez de près et voyiez un peu d’imperfection ici et là, ce qui signifie qu’elle est réelle. Et cela fait partie de la perfection plus grande. Et si vous examinez les planètes, la façon dont la vie se déploie, non pas seulement s’est déployée, mais continue d’être créée… Le processus de création n’est pas terminé, le processus de création de l’univers n’est pas terminé. La création est toujours en cours. Et si vous examinez les planètes, il y a une complexité croissante de formes de vie. Et même votre propre vie, vous pouvez voir qu’en grandissant, elle devient plus complexe. Au début, elle est simple et il y a ensuite une plus grande complexité. La vie devient complexe et veut s’exprimer elle-même à travers les formes. C’est en grande partie un mouvement inconscient, un mouvement onirique. L’univers rêve, Il rêve de la forme. Il y a un élan prodigieux là-dessous que Schopenhauer, le philosophe du XIXe siècle appelait la volonté. Il disait que la volonté sous-tend tous les phénomènes, qu’elle veut se manifester à travers les formes.

 

Ce qu’il n’a pas compris clairement – il n’a pas beaucoup écrit à ce sujet, juste un peu – c’est qu’il y a un autre mouvement de l’univers qui est le mouvement du retour et c’est le retour où il veut se connaître lui-même comme le sans-forme. Comment est-ce que je sais ça ? Parce que… – pour tout ce que vous voulez savoir à propos de l’univers, Il vous suffit de regarder profondément en vous-même. N’importe quelle réponse relative à toute l’histoire de l’univers – vous en êtes une expression microscopique : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ».

 

Vous pouvez donc voir deux mouvements dans votre propre vie.

 

Dans l’un, vous voulez faire quelque chose. Vous voulez vous exprimer sous une certaine forme. Vous voulez exister en tant que forme : « Je suis ici, c’est moi. C’est ce que je fais, c’est ce que je peux faire. Regardez, ici ! ».

 

Mais il y a aussi un mouvement en vous qui veut aller très profond, qui n’est pas intéressé à créer ou à faire, qui est seulement intéressé à être. Donc, vous voulez faire, mais vous voulez également être.

 

Le secret de la vie consiste à unir les deux de sorte que cela ne soit pas l’un ou l’autre. Notre planète est principalement perdue dans le faire. Relativement peu d’humains sont conscients de la dimension sous-jacente inconditionnée, l’être. Ils ne sont pas conscients qu’ils sont. Ils sont continuellement absorbés dans le faire qui inclut le penser et le réagir : « Qu’est-ce que je vais pouvoir faire ensuite ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse maintenant ? A quoi est-ce que je dois réfléchir maintenant ? Quelle est la prochaine chose à laquelle je vais pouvoir réagir ? Où est le pauvre type suivant qui va pouvoir m’énerver ? Faire ! Qu’est-ce qu’on va faire ce soir ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?.

 

Et le monde entier est donc perdu… – c’est pourquoi cet enseignement met l’accent sur l’être, mais je ne nie pas que le faire joue aussi un rôle important dans votre vie… pour l’équilibre. Mais comme notre monde est perdu dans le faire, il est plus important à l’époque actuelle de montrer aux humains le chemin de retour à l’être, la source de toute vie, la source sans forme, intemporelle de toute vie qui est parfois appelée Dieu, mais je n’emploie pas ce mot. Il a été trop utilisé.

 

Donc, vous voulez réaliser Dieu, mais vous voulez faire également. Il y a donc la vie de la forme qui se déploie dans le temps et la vie une, sans forme qui est, non pas était, ni sera, qui est éternellement… – rien à voir avec le temps – éternel, intemporel, l’essence de qui vous êtes. Et la réalisation, c’est que maintenant, ce dont la planète a besoin, comme je le vois, n’est pas une capacité accrue de faire, parce que nous sommes déjà très bons au niveau du faire. Nous sommes si bons au niveau du faire que le faire est presque en train de détruire la planète et de nous détruire nous-mêmes. C’est jusqu’à ce point que nous sommes bons au niveau du faire. Nous avons déjà accompli le faire et c’est essentiel de trouver maintenant un équilibre, de trouver la source de laquelle toute chose survient. Et c’est le mouvement vers la maison, Le mouvement du retour. Il y a donc le mouvement vers l’extérieur, dans le faire, dans la forme, et il y a le mouvement de retour à l’Unique. Et votre vie s’épanouit si elle peut exprimer les deux alors que vous êtes ici en tant que cette forme physique temporaire. Naturellement, vous êtes bien plus que cela.

 

L’être est maintenant beaucoup plus important pour les humains sur la planète, comme je l’ai dit – trouver la dimension de l’être – et quand je dis ça, cela veut dire que c’est une chose universelle. En d’autres termes, l’univers veut maintenant… – oui, il y a toujours le mouvement vers l’extérieur, mais il y a aussi le mouvement de retour à la source. Il veut également se connaître lui-même en tant que l’Unique.

 

Les mots que j’utilise sont bien sûr tout à fait insuffisants. C’est tellement gigantesque, on ne peut pas l’exprimer. Cela serait absurde si l’on pouvait exprimer la vérité en mots. Ce ne sont que des approximations lointaines de la vérité, mais une fois que vous savez cela, c’est parfait et le monde ne vous induira pas en erreurs. Et vous cessez de croire en chaque parole. Les mots ne sont que des indicateurs. C’est la façon dont… – C’est presque comme un poème ! C’est un peu comme ça. C’est pourquoi, quand Jésus parlait, il disait toujours : « Le royaume des cieux est comme… », est comme ceci. Et puis il avait une autre parabole et disait : « Et c’est un peu comme ça. Ou vous pouvez le regarder comme ça ou comme ça ». Ce sont les paraboles. Parce que vous ne pouvez pas le désigner directement. On fait juste un petit dessin, une petite peinture. C’est juste un peu comme ça.

 

Je suis sûr que chacun peut connaître en lui-même les deux mouvements, mais le fait que vous soyez ici est une indication que le mouvement universel du retour est devenu plus important dans votre vie, non pas pour dire que vous avez renoncé à tout le faire. Non, bien sûr que non ! Vous voulez encore faire, mais vous comprenez l’extrême importance de l’être. Et quand je dis « vous », cela dépasse de beaucoup la personne. La totalité suit ce même mouvement… à travers vous, parce qu’il n’y a pas vous et l’univers. Vous êtes l’univers. C’est facile d’avoir cette idée erronée : « Je suis dans l’univers. Je suis ici et le reste du monde est là. C’est une idée fausse sur vous-même perçu comme entité séparée qui a été mise dans l’univers d’une manière ou d’une autre…qui a soudainement surgi. Il y a longtemps, il y avait une série comique britannique, Mr. Bean. Au début de chaque épisode, on le voyait tomber du ciel sur le sol. Il se retrouvait brusquement dans ce monde. Il tombait donc sous le feu des projecteurs, se relevait alors et ne savait où aller. Il allait par ici, il allait par là. D’une certaine manière, c’est une belle chose, parce que c’est un aperçu de la façon dont les humains se perçoivent eux-mêmes. Ils viennent d’être projetés… – les philosophes existentialistes parlent de votre projection en ce monde. Et qu’est-ce que vous faites alors avec vous-même ? Évidemment, vous n’êtes pas projeté en ce monde, parce que vous êtes ce monde, vous êtes l’univers. Vous n’y avez pas été mis, vous en êtes venu et vous y retournez ensuite. La forme en résulte. Il n’y a pas de séparation entre vous et l’univers. Ce qui se passe en vous se passe dans l’univers. Vous l’êtes. C’est facile d’avoir une idée erronée sur soi-même.

 

L’adversité est utile en ce sens qu’elle peut vous mener à la désidentification de la forme de sorte que vous réalisiez… – Il y a aussi un stade dans la vie où l’adversité augmente votre capacité à créer de la forme, autrement dit la capacité de l’univers à créer de la forme. L’adversité est utile à la fois pour réaliser qui vous êtes au-delà de la forme et, selon où vous en êtes dans votre vie, pour renforcer votre capacité à faire des choses.

 

C’est déjà exprimé dans l’ancien proverbe latin que certains d’entre vous connaissent, j’en suis sûr : « Per aspera ad astra », ce qui veut dire : « Par des sentiers ardus – l’adversité – jusqu’aux étoiles. ». Ou peut-être Nietzsche – je pense que c’était Nietzsche au XIXe siècle – qui l’a exprimé différemment ; je pense que c’est lui qui a dit : « Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort ». Et c’est vrai à de nombreux niveaux.

 

On m’a dit – je ne sais pas si c’est vrai, je crois que oui – pour certaines plantes… – les jardiniers font certains semis et quand les plants surgissent, au lieu de leur souffler de l’air chaud ou de leur donner plus de lumière pour les faire pousser plus vite, ils les recouvrent de terre afin de les renforcer. Quand vous recouvrez de terre les jeunes plants, ils doivent générer plus d’énergie. Toute énergie provient de la source non manifestée de toute énergie qui est l’être. Ils génèrent plus d’énergie et ils deviennent plus forts. Ils se frayent un chemin et vous avez une plante plus forte.

 

L’adversité peut donc être aussi – en particulier pour les humains qui rencontrent l’adversité très tôt dans leur vie, comme c’est le cas pour beaucoup – vous êtes né dans la pauvreté, peut-être dans une famille dysfonctionnelle – c’est très fréquent. En fait, il est difficile de penser à une famille qui ne soit pas dysfonctionnelle, n’est-ce pas ? Donc, vous êtes déjà né avec une série de limitations ou vous pourriez avoir un problème physique. Vous êtes né ainsi ou quelque chose a pu vous arriver et vous avez un défaut physique ou n’importe quoi d’autre. D’aucuns ont dû déjà très tôt dans leur vie faire face à d’extrêmes limitations. Et certains les traversent, surmontent leurs limitations. Ils génèrent de l’énergie de sorte que la forme qui veut s’exprimer puisse s’exprimer sous une forme ou une autre.

 

Prenons un exemple. Disons que vous êtes à l’école. Vous êtes brutalisé à l’école. Il y a un garçon, une grosse brute à l’école. Le garçon brutalisé suit alors des cours d’arts martiaux – il y a eu des films là-dessus – et il finit par développer tant d’énergie qu’il peut battre le garçon brutal qui est physiquement beaucoup plus fort. Il le bat. Il a donc développé cette énergie. C’est une façon de surmonter l’épreuve en développant plus d’énergie afin que la forme de vie puisse s’exprimer plus pleinement.

 

Un autre moyen de triompher serait de contourner cette chose particulière. Il n’a peut-être pas fait d’arts martiaux ou il est trop faible même pour ça, mais il s’intéresse à des choses intellectuelles ou à tout autre accomplissement où il devient très bon. Dix ans plus tard, au volant de sa BMW, il retrouve la grosse brute qui est devenue pompiste. Bien sûr, ce fut une bonne chose puisqu’il a développé une énergie. Or, le danger est bien sûr qu’il commence à s’identifier à l’énergie qu’il a développée, ce qui renforce alors son sentiment égoïque de soi. C’est toujours le danger.

 

C’est le danger, quand de l’énergie vous vient, que vous vous identifiez au faire, à la capacité à faire, à créer,. Vous dites : « c’est moi ». Vous vous percevez donc de façon erronée comme une entité séparée et vous prenez la réussite ou la capacité à faire quoi que ce soit, la force que vous ressentez, physique ou mentale, voire la force créatrice qui survient, les idées que vous avez… et vous vous mettez à vous identifier à ça en tant que « moi » et vous vous sentez grand. Et vous avez une image réfléchie dans votre mental : c’est qui je suis, autrement dit un gros ego. Plus votre ego se développe et plus il va vous causer des problèmes, autrement dit l’adversité à nouveau.

 

C’est ainsi que les choses se passent parfois pour certains humains : ils naissent en endurant des limitations, ils développent une énergie et une puissance pour surmonter leurs limitations d’une manière ou d’une autre et ils se mettent à faire. Oui, ils peuvent avoir accès dans leur vie au faire créateur, mais ils ne réalisent pas que tout pouvoir créateur est non personnel et ils s’identifient avec ce mouvement créateur. Ils s’identifient au faire et à ce qu’ils créent : « MON… entreprise, MA… réputation, MA, MON, quoi que ce soit, c’est à moi ». L’ego grossit de la sorte et en grossissant, inévitablement, il provoque à nouveau l’adversité, plus de conflits avec les autres ; vous vous faites attaquer ; vous êtes entraîné dans un truc et dans un autre.

 

Et ici nous avons une autre l’occasion suivante de vous éveiller à qui vous êtes au-delà des formes. L’adversité dont nous parlons aujourd’hui est parfois produite par soi-même. De l’adversité vous arrive en apparence de l’extérieur, mais si vous y regardez de près, vous voyez que beaucoup d’adversité est produite de l’intérieur, de l’intérieur vers l’extérieur. Elle est produite, parce que le soi égoïque est fort et qu’il surimpose à de simples situations… – on peut l’observer en regardant les êtres humains – ils surimposent à de simples situations, ils surimposent leurs réactions, lesquelles sont égoïques.

 

Les simples situations qui se présentent dans votre vie ne sont pas reconnues comme simples situations que vous avez besoin de traiter. La réaction, la réaction égoïque contre la situation, contre ce qui est, est perçue erronément comme faisant partie de la situation. Autrement dit, vous ne pouvez pas alors séparer la situation de votre réaction contre la situation. Elles sont perçues comme ne faisant qu’une.

 

Un exemple – on pourrait en donner des centaines – de très simples exemples : réagir contre le temps « Encore une journée épouvantable ! ». Vous avez mélangé votre réaction avec le simple fait qu’il pleuve sans réaliser que la journée n’est pas épouvantable. C’est votre réaction qui est épouvantable. Il n’y a rien d’épouvantable concernant la pluie. Mais votre réaction dit qu’elle est épouvantable, la pluie devient alors épouvantable. Vous n’avez pas séparé ce qui est là de ce que vous y ajoutez. C’est donc de l’adversité produite par soi-même.

 

Et nous avons parlé à propos d’autres êtres humains. Ils arrivent bien sûr dans votre vie et vous vous en plaignez, en vous-même et auprès des autres : « C’est ce qu’elle a fait. Il a fait cela. Et il a dit… tu ne croiras jamais ce qu’il a dit… ». Vous ajoutez des choses. Ils font ce qu’ils font. Chaque être humain agit à partir de son niveau de conscience. Cela ne peut pas être autrement. Mais vos jugements sur les autres, c’est ce que vous ajoutez. Vos jugements sur les autres et croire en chaque jugement qui émerge dans votre mental, c’est ce qui crée beaucoup d’adversité et de conflits dans la vie, parce que vous croyez en vos jugements sur les autres et vous les traitez ensuite comme si vos jugements étaient vrais. C’est une énorme cause de conflits. L’adversité produite par soi-même qui provient de l’identification à chaque pensée qui émerge dans le mental finit par entraîner de plus en plus de conflits et la vie devient de plus en plus désagréable.

 

Dans des cas extrêmes, vous allez de procès en procès. Dans les pays où il n’y a pas de procès, vous vous déplacez avec votre pistolet en espérant pouvoir tirer le premier. Et ça, c’est considéré normal ! Et bien entendu, c’est toujours l’autre qui est en faute. Ça doit être de la faute de l’autre.

 

Nous sommes absolument… – J’ai mentionné tout à l’heure le « je suis toujours celui qui a raison ». Il n’y a qu’un état d’esprit qui est plus destructeur que le « j’ai toujours raison » et c’est « nous avons toujours raison ». C’est encore pire que le « je ». La première personne du pluriel, « nous », est pire encore que le faux sentiment de soi qui est la première personne du singulier, « je ». Il est suffisamment inconscient, mais quand vous en arrivez au « nous », vous êtes encore beaucoup plus inconscient que tout « je » égoïque isolé.

 

Et le mal, la souffrance infligée à autrui par l’illusion de l’entité « je » n’est rien comparée à la souffrance infligée aux autres par l’illusion de l’entité « nous ». Les « je », ceux qui tuent des gens, parce qu’ils ont un énorme… une sorte d’ego atteint par la démence… ça arrive, mais regardez les millions, les millions qui sont tués à cause du « nous » : « Nous avons raison », l’illusion du « nous détenons, nous possédons la vérité ». Et bien entendu, « nous possédons la vérité » veut dire, traduit sous une vraie formulation… « Nous possédons la vérité » veut dire « nous sommes possédés par notre mental ».

 

Et à partir de cette inconscience collective, une quantité énorme de souffrance est produite continuellement sur la planète. Et c’est une cause d’adversité de loin plus importante que n’importe quelle catastrophe naturelle. « De loin plus importante », comment peux-tu dire ça ? » C’est simple, il suffit de compter les gens tués par des catastrophes naturelles et les gens tués par d’autres humains. On ne peut même pas comparer. Examinez l’histoire du XXe siècle. C’est la condition humaine et c’est pourquoi l’éveil est maintenant si essentiel pour nous. Il a lieu, bien sûr !

 

Cet état de conscience ou d’inconscience est dément, mais tout fait partie d’une représentation plus grande ; tout fait partie de l’évolution de la conscience. Le soi égoïque a atteint le point de la démence et c’est excellent, mais nous devons reconnaître toute la souffrance que cela produit, qui est produite à partir de cet état de conscience, « nous ». Et répétons-le, l’adversité que les humains endurent, la plus grande partie de l’adversité vient de là. Elle est auto-produite, auto-produite. Donc, c’est fait de façon collective et c’est fait de façon personnelle.

 

Une fois que vous le reconnaissez, dès l’instant où vous reconnaissez de simples choses comme ce que j’ai mentionné tout à l’heure, de simples choses comme se dire « pourquoi est-ce que j’ai toujours raison ? » . . . en devenant ensuite un peu plus vigilant, en commençant à regarder la façon dont vous êtes identifié avec chaque pensée qui surgit et sans réaliser que chaque pensée est un point de vue particulier. C’est un truc particulier : « Regardons ça ! », non pas la vérité ! . . . Vient alors la désidentification des pensées.

 

Et qu’est-ce qui est là quand vous vous désidentifiez des pensées ? Qu’est-ce qui est là qui remplace les pensées ? Ce qui remplace les pensées, c’est l’intelligence, la véritable intelligence. La pensée est très limitée. On l’appelle intelligence. En fait, beaucoup de pensées sont juste stupides. La pensée est excellente quand il y a quelque chose de plus grand que la pensée. La pensée peut alors être utilisée au bénéfice de la véritable intelligence. Mais la pensée seule est tout à fait insensée.

 

En d’autres termes, quand il n’y a pas de conscience sous-tendant la pensée, quand il n’y a que la pensée, vous en arrivez très rapidement et dans le meilleurs des cas à penser de façon dysfonctionnelle, à vous comporter de façon dysfonctionnelle, à interpréter la réalité de façon complètement erronée, à des déformations. Vous vous référez au monde à travers vos jugements. Vous ne voyez plus la réalité. Vous ne voyez que le voile de vos jugements à travers lequel vous interprétez la réalité ou plutôt interprétez la réalité de façon erronée. Voilà ce qui se passe quand il n’y a pas de conscience sous-jacente. Donc, la pensée sans conscience est tout à fait insensée. Et c’est pourquoi développer son aptitude à penser ne résout rien du tout. Pousser des recherches sur ceci ou sur cela ne résoudra rien du tout.

 

La recherche est excellente, la pensée est excellente également, mais il vous faut d’abord la conscience, l’intelligence elle-même. La pensée peut ensuite réfléchir cette intelligence. La pensée est la conscience qui prend forme. Vous vous éveillez donc de l’identification avec le mental. C’est ce dont il est question. C’est pourquoi nous sommes ici. Ce n’est pas que nous envisageons de le faire ultérieurement : cela se passe ici maintenant. Ceci est l’éveil. Ce n’est pas un événement futur : « Oh, j’aimerais bien m’éveiller. Ça doit être super ! ». Et les gens posent des questions : « Dis-moi ce qu’est s’éveiller. Comment est-ce qu’une personne éveillée expérimente la vie ? »

 

Pourquoi poses-tu cette question ? Eveille-toi maintenant et tu le sauras. « Comment est-ce que je fais ça ? » Simplement assieds-toi et sois vigilant, silencieux et spacieusement présent. Voilà comment c’est. Vous n’avez pas besoin de demander comment c’est : C’est à cela que ça ressemble. « Quand est-ce que je serai éveillé ? » Ca y est.

 

Et donc, paradoxalement, l’adversité auto-produite qui crée de la souffrance… – et cette souffrance… – un stade est atteint où la souffrance commence à vous éveiller. Le paradoxe, c’est que l’adversité auto-produite fait en réalité partie du processus d’éveil. Donc, tout avait du sens, l’ego était Ok ! Tout fait partie du processus d’éveil. Il n’est pas nécessaire d’y réfléchir : « Voyons si je peux comprendre ça ! ». Ça n’est pas aussi compliqué que ça, mais vous pouvez le compliquer si vous voulez.

 

Mais c’est très facile de voir comment la souffrance que vous vous créez finit par vous éveiller. Mais ça peut prendre du temps… à moins qu’il y ait déjà en vous une petite fissure pour vous ouvrir tout à coup à un enseignement spirituel. Vous pourriez tomber sur un livre et : « Oh !… » Ou vous entendez une parole de sagesse quelque part : « Oh ! ». Ça vous fait gagner du temps. C’est illusoire de toute façon, mais à ce niveau, le temps semble exister. Ne le nions pas ! Les enseignements spirituels font gagner du temps, mais vous finiriez par vous éveiller quoi qu’il en soit, ce qui pourrait prendre beaucoup de temps.

 

Le temps passe très vite ici, jusqu’à ce que vous réalisiez que vous n’avez pas besoin de temps pour être présent. Je dis parfois que vous avez besoin de temps ou que certaines personnes ont besoin de temps pour arriver à la compréhension qu’il n’y a nul besoin de temps.

 

L’adversité est donc quelque chose, dans la mesure où elle se présente encore dans votre vie sous une forme légère ou plus prononcée, qui doit pratiquement être accueillie, parce que, comme je l’ai dit, elle vous renvoie… – la façon dont vous la traitez, dont vous y réagissez vous montre votre état de présence ou de conscience. Donc, qu’il s’agisse d’une forme légère d’adversité ou d’un tremblement de terre, que ce soit quelqu’un qui raye votre nouvelle voiture ou que vous perdiez votre travail, l’argent que vous avez investi avec M. Madoff, quelque soit la forme que cela prend, il y a là une occasion.

 

Vous pouvez alors, soit produire l’énergie… – Deux mouvements sont possibles. Disons que vous perdez votre maison ou plutôt votre travail. Ça arrive à pas mal de monde puisque nous traversons une soi-disant période de récession. Vous perdez votre travail et vous êtes là tout à coup incertain peut-être de votre identité dépendamment du degré auquel votre travail entretenait votre sentiment de soi, entre parenthèses « le faux sentiment de soi ». La mesure dans laquelle votre travail entretenait votre faux sentiment de soi détermine combien vous vous sentez perdu (pour autant que votre identité soit concernée).

 

Et vous êtes là. L’argent se fait rare : Pénurie d’argent. De quoi est-ce que je vais vivre d’ici quelques mois ou le mois prochain ? Est-ce que je pourrai payer mon loyer ? ». Oui, et vous pouvez développer de l’énergie à partir de là si vous ne sombrez pas dans une réaction de peur. Vous pouvez aller dans la vigilance. Et de cette vigilance… – tout d’abord, la vigilance elle-même est un aspect de l’inconditionné. Dès l’instant où vous êtes vigilant, vous ne pensez pas. Il n’y a que la présence vigilante. Et là, il n’y a pas de peur. Vous êtes simplement présent dans la vigilance.

 

La plupart des humains n’aiment pas l’incertitude : « Qu’est-ce qui va m’arriver ? ». Ils n’aiment pas l’insécurité à ne pas savoir : « De quoi est-ce que je vais vivre d’ici quelques semaines ou déjà la semaine prochaine ? ». Ils n’aiment pas cette incertitude. Mais si vous pouvez embrasser l’incertitude sans exiger qu’il y ait de la sécurité dans votre vie – « Ma vie devrait me sécuriser et je ne vis pas cela ». Si vous pouvez permettre l’incertitude dans votre vie sans exiger que ce soit autrement, de savoir… – c’est bien sûr la mort si vous savez exactement ce qu’il va vous arriver.

 

C’est pratiquement comme être mort si vous savez : « Ok, je prendrai ma retraite à 63 ans, j’aurai une bonne pension et je mourrai après ça. Donc, J’ai un travail sûr pour encore 20 ans et j’aurai ma pension ensuite. Tout est tracé. Mon assurance vie est également en place ». Mais bien sûr, l’assurance-vie en réalité signifie l’assurance de la mort. Tout est en place et il n’y a pas à s’inquiéter de rien. Ok, tous les jours, vous vous rendez à votre même travail assuré, vous garez votre voiture. Vous êtes à l’ordinateur, au téléphone, vous avez une réunion, vous rentrez à la maison. Vous êtes complètement en sécurité. Vous avez vos vacances annuelles, vous allez au soleil. Tout est parfait. Même vos vacances sont sûres, parce qu’il n’y a rien d’incertain concernant les voyages organisés. Vous n’allez plus au Mexique, parce qu’il pourrait y avoir un peu d’incertitude là-bas. Vous allez ailleurs où la sécurité demeure. Et vous êtes protégé, vous êtes pris à l’aéroport et conduit à l’hôtel. Puis vous retournez au travail, arrive Thanksgiving, Vous vous asseyez autour de la table. Noël, puis un autre Noël. Et avant que vous vous en rendiez compte, ces 20 années sont passées et vous prenez votre retraite ; vous allez vous installer à Palm Springs, vous vous asseyez au soleil. Et c’est tout ! Et c’était la vie la plus désirable, parce que vous étiez en totale sécurité.


« Et vous êtes-vous éveillé ? »

 

« Quoi ? . . . J’ai vu des choses extraordinaires à la télévision, mais ils n’ont rien dit là-dessus ».

 

Il y a donc une alternative à l’insécurité : une totale sécurité. C’est ce que beaucoup de gens veulent en réalité. Mais est-ce cela que vous voulez véritablement ? Est-ce cela que l’être que vous êtes veut véritablement ? Donc, l’insécurité arrive tout à coup et si vous pouvez l’acceptez – « Ok ! » – sans savoir ce qui va se passer, si vous ne reculez pas – « Ouh, ouh, je ne sais pas ce qui va m’arriver » – « Non, je ne sais pas ce qui va se passer, tout est ouvert maintenant ! » Complètement ouvert.

 

Alors, la peur qui était là avant, quand vous considérez l’incertitude dans votre vie… – dès l’instant où vous acceptez l’incertitude, ce qui était avant de la peur se transforme en vigilance. Donc, si elle est acceptée, l’incertitude peut produire un état de présence accrue, de vigilance. Et vous pouvez alors être comme j’étais moi quand, souvent, je ne savais pas de quoi j’allais vivre le jour suivant, assis sur un banc : il y a un oiseau qui vole, il y a un arbre. Simplement vigilant. Et tout le temps, au dernier moment, quelque chose arrivait pour entretenir cette forme physique. Mais la chose importante est que l’incertitude, si elle est acceptée, peut occasionner une vigilance accrue. Vous devenez plus présent, parce que, de toutes façons, vous ne savez rien concernant le futur. C’est magnifique, parce qu’avec un travail complètement sûr, un plan de retraite et toutes ces choses, il est plus probable que vous vous endormiez à moins que vous ne soyez éveillé par une autre forme d’adversité, parce que si tout est complètement sûr, le médecin peut vous dire tout à coup :

 

- « J’ai une mauvaise nouvelle pour vous ».

 

- « Quoi ? Tout est censé être en sécurité dans ma vie. Ça n’est pas possible, oh mon Dieu ! ».

 

Oui, mais ça pourrait arriver ! Et voici une autre possibilité de devenir présent, parce que vous ne savez pas si vous serez encore vivant dans deux ans. C’est une pensée épouvantable. Mais vous pouvez… – J’ai vu des gens à qui on avait diagnostiqué une maladie grave qui les a entraînés dans la présence. Cela pourrait aussi les rendre très malheureux. Mais c’est l’occasion d’être poussé dans la présence. Et soudainement, il y a un épanouissement : . . ., parce que la petite personne, la petite personnalité veut survivre en tant que cette petite personne, mais elle ne le peut pas. C’est complètement dangereux pour la petite personne, ne vous y trompez pas, c’est complètement dangereux. Et soudainement, vous réalisez qui vous êtes au-delà de la petite personne. Une puissance et un sentiment de vie gigantesques se manifestent à travers cette forme. Et vous ne pouvez pas le nommer: « Est-ce moi ou est-ce quelque chose de beaucoup plus profond ? » Bien sûr, c’est quelque chose de beaucoup plus grand et plus profond que le petit « moi ».

 

Et que ce soit un élan pour faire qui surgisse de cette vigilance, on ne sait pas, on verra, ou que ce soit suffisant pour l’univers d’être présent par cette forme et d’exprimer simplement la présence… – ça peut être suffisant, c’est ce que veut l’univers. Votre vie est accomplie. Vous n’avez pas besoin de 25-30 ans de plus de vie pour être accompli. Si rien ne se passe là en dehors des choses habituelles –j’ai décrit cela tout à l’heure : attendre le prochain programme de télé intéressant ou une recherche sur Internet, surfer… Qu’attendez-vous de 20 ans de plus quand c’est toujours la même chose ? . . . Ou vous pouvez être . . . L’univers s’épanouit à travers… – la conscience arrive dans ce monde à travers cette forme. Et c’est suffisant ! Si vous êtes destiné à être ici pour 20 ans de plus, peut-être que de l’action en résultera également. Des idées créatrices peuvent surgir tout à coup, une inspiration ou une autre. C’est excellent, mais c’est secondaire. Être est primordial.

 

Nous accueillons donc tout ce que la vie nous apporte. Ce sont des occasions, soit pour nous éveiller, soit pour approfondir l’éveil qui a déjà eu lieu en soi. Et je peux prédire – je ne prédis pas souvent des choses, parce que le futur ne m’intéresse pas – mais je peux prédire que, quelle que soit la forme d’adversité qui arrive maintenant dans votre vie, cela ne peut qu’occasionner un approfondissement de la présence. C’est la beauté de la chose. Et un approfondissement de la présence signifie naturellement une diminution de la personne. L’entité fabriquée par le mental qui était avant si solide et pratiquement impénétrable devient presque transparente, relativement insignifiante. De plus en plus de conscience brille à travers… – l’inconditionné brille à travers le conditionné, lequel est la forme, ce qui a pris forme, le conditionné, mais tout fait partie de la conscience . . . C’est bon !

 

Et vous pouvez dire alors « La vie est bonne » sans vous faire d’illusions, en croyant que la vie est bonne, parce que vous pensez que certaines formes autour de vous sont là pour rester ou que même votre corps est là pour rester. Donc, si vous dites que la vie est bonne en pensant à votre retraite, votre maison et votre travail, ça n’est pas « ma vie est bonne ». Vous le saurez tôt ou tard. Il y a une raison plus profonde pourquoi la vie est bonne et cela inclut le soi-disant « mauvais ». J’appelle cela le bon qui est au-delà du bon et du mauvais, le bon « plus grand » qui est au-delà de bon/mauvais, bon/mauvais, bon/mauvais.



14/05/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi